BlackRock se targue d'être devenue le plus grand gestionnaire de risque au monde, mais la société new-yorkaise reste bien peu connue du grand public.

Pourtant, au Canada seulement, elle compte 18 des 25 plus grandes caisses de retraite parmi sa clientèle, même si elle a pignon sur rue depuis moins d'un an pour y grossir encore.

«Nous voyons un bon potentiel dans l'industrie des fonds communs de placement, explique en entrevue son président et chef de la direction Laurence D. Fink, au cours d'une visite éclair à Montréal, sa première à vie. Nous voulons devenir partenaires des banques.»

Deux options se profilent d'emblée: offrir les produits BlackRock à la clientèle des banques ou tailler sur mesure des fonds pour certains types de leurs clients.

BlackRock a doublé sa taille l'an dernier en fusionnant avec Barclays Global Investors (BGI). La grande banque britannique a confié sa filiale de gestion de portefeuille à BlackRock en devenant un de ses grands actionnaires et en mandatant son président Bob Diamond au conseil d'administration.

Du coup, l'actif sous gestion de BlackRock est passé de 1307 milliards en 2008 à 3346 milliards, l'an dernier. Au 30 juin, il s'élevait à 3150 milliards.

L'entreprise fondée il y a à peine 22 ans comptait huit employés à ses débuts. Aujourd'hui, elle en a plus de 10 000 dont deux sur cinq travaillent à l'extérieur des États-Unis.

Grâce à BGI, BlackRock a acquis une solide expertise dans la gestion indicielle qui s'ajoute à ses compétences en gestion active, tant dans les marchés boursiers qu'obligataires de par le monde.

BlackRock se distingue de la plupart des grands gestionnaires internationaux de portefeuille. «Nous tirons 100% de nos revenus de nos clients dont nous sommes les fiduciaires, explique M. Fink. Nous n'utilisons pas notre bilan pour investir ni pour concurrencer nos clients.»

BlackRock se place maintenant comme le premier gestionnaire de caisses de retraite au monde, de par la valeur de l'actif qu'on lui confie.

Au Canada, l'entreprise a hérité du portefeuille géré jusqu'en décembre dernier par BGI, qui s'était établie à Toronto et à Montréal il y a une dizaine d'années.

C'est sous son propre nom cependant qu'elle a gagné, début 2008, le mandat de gestion des quelque 32 milliards de PCAA non bancaire vicié, qui a fait grisonner à l'époque beaucoup de têtes dirigeantes de la Caisse de dépôt et placement qui en détenait la part du lion.

«Nous sommes le leader mondial dans la gestion du risque», se vante M. Fink qui souligne que l'entreprise ne recourt pas à l'effet de levier.

Gagner un client passe préalablement par la compréhension de sa tolérance et de son évaluation du risque. C'est ce qui peut conduire BlackRock, par exemple, à proposer certains produits dérivés comme les swaps de taux d'intérêt pour gérer un portefeuille concentré dans les économies émergentes. «Seulement après avoir compris le niveau de risque qu'il est prêt à prendre, insiste M. Fink. Nous ne sommes pas des fabricants de biscuits.»

Cette culture de l'évaluation du risque a bonne réputation dans les hautes officines financières, aime à rappeler M. Fink.

Au beau milieu de la récente crise financière, BlackRock a été sollicitée par la Réserve fédérale afin de jauger la valeur des actifs vérolés de la banque d'affaires Bear Stearns (avalée par la suite par JP Morgan) et de l'assureur AIG (rescapée à coups de prêts qui dépassent la centaine de milliards). Elle a aussi conseillé Londres pour éviter le naufrage de la Royal Bank of Scotland (finalement nationalisée).

«Six pays ont eu recours à nos services», précise M. Fink presque avec modestie.

C'est fort de cette réputation que BlackRock gère déjà 50 milliards d'actifs de caisses de retraite canadiennes et une trentaine de milliards en fonds communs de placement.

Les quelques heures passées à Montréal par M. Fink avant une réunion à 16 h à New York avaient pour objectif de souligner l'objectif de l'entreprise. «Nous voulons renforcer notre présence au Canada.»