Le Premier ministre japonais, Naoto Kan, s'est dit vendredi «très inquiet» de la vigueur du yen, qui évolue à son plus haut niveau depuis 15 ans face au dollar.

«Je suis très inquiet de la situation», a déclaré M. Kan au Parlement, en réponse à une question sur la montée du yen qui handicape les exportations nippones.

«Le G20 s'est mis d'accord sur le fait que les fluctuations excessives des taux de change n'étaient pas souhaitables. De ce point de vue, la forte hausse du yen peut être considérée comme une fluctuation excessive», a-t-il ajouté.

La tension mondiale est montée ces derniers jours autour de la question des taux de changes, qui sera au coeur de la réunion des ministres des Finances du G20 la semaine prochaine à Gyeongju (Corée du Sud), avant le sommet du G20 en novembre à Séoul.

Certains évoquent une «guerre des monnaies», où chaque pays ferait tout pour diminuer la valeur de sa devise afin de dynamiser son économie.

Le Japon a vendu massivement et unilatéralement des yens sur le marché des changes le 15 septembre, pour la première fois depuis six ans, afin d'en abaisser la valeur.

Le dollar est remonté sur le moment au-delà de 85 yens, mais a rechuté depuis. Oscillant rapidement, il valait 81,39 yens vendredi à 12h à Tokyo (23h, jeudi, heure de Montréal), en légère baisse par rapport aux 81,44 yens cotés jeudi à 17h à New York.

Le ministre japonais des Finances, Yoshihiko Noda, a répété vendredi que le gouvernement nippon se tenait prêt à intervenir de nouveau sur le marché des changes, «lorsque ce sera nécessaire».

«Notre position n'a pas changé», a tenu à préciser Yoshihiko Noda lors d'une conférence de presse, afin de faire taire les rumeurs selon lesquelles les autorités nippones auraient renoncé à agir.

Mercredi, M. Kan avait reproché à la Corée du Sud de vendre régulièrement sa devise nationale sur les marchés, afin d'en abaisser la valeur, et tancé la Chine, accusée de ne pas laisser son yuan s'apprécier comme il se devrait.

Après ces critiques, des opérateurs sur les marchés ont jugé qu'il serait désormais difficile au Japon d'intervenir pour affaiblir sa propre monnaie. En partie à cause de ce sentiment, le yen a fortement augmenté jeudi face au dollar, lequel a brièvement chuté jusqu'à son plus bas niveau en quinze ans, à 80,89 yens.

Le gouvernement nippon opère un distinguo entre sa propre intervention et celle de ses voisins, soulignant que son action n'avait pas pour but de ramener sa monnaie à un niveau prédéterminé, mais plutôt d'empêcher les mouvements erratiques sur les marchés des changes.

La vigueur du yen handicape les entreprises nippones en laminant leur compétitivité à l'étranger et en réduisant leurs profits rapatriés dans l'archipel. Les milieux d'affaires japonais appellent à cor et à cri le gouvernement à intervenir pour faire baisser le yen à un niveau plus acceptable.