L'agence de notation Moody's a retiré jeudi sa note maximale «Aaa» à l'Espagne, en raison de la «détérioration considérable de la solidité financière du gouvernement», se disant toutefois rassurée par le projet de budget espagnol, qui sera présenté au Parlement dans la journée.

La sanction était redoutée depuis plusieurs jours par les marchés, alors qu'expirait le délai d'examen de trois mois lancé le 30 juin par l'agence. Moody's emboîte le pas à Standard & Poor's et Fitch qui avaient retiré ce précieux label à l'Espagne respectivement en janvier et mai.

Mais la note n'est abaissée que d'un cran, à «Aa1», alors que les investisseurs craignaient une baisse de deux crans.

Elle est assortie d'une perspective stable, qui implique que Moody's n'envisage pas de procéder à un nouvel abaissement à court ou moyen terme. La note de la dette court terme «Prime-1» a simultanément été confirmée.

La Bourse de Madrid reculait de 0,45% jeudi matin, après avoir enregistré ces derniers jours trois séances de baisse.

Dans son texte, Moody's met en avant «les faibles perspectives de croissance du pays», estimée à 1% par an en moyenne, par rapport aux autres pays notés «Aaa». «Le processus de rééquilibrage de l'économie», qui doit la rendre moins dépendante du secteur de la construction, «devrait prendre plusieurs années», note-t-elle.

L'agence s'inquiète aussi de la dépendance accrue du pays envers les marchés, alors que ceux-ci pourraient connaître de nouvelles phases d'instabilité.

La note «Aa1» est la deuxième meilleure possible dans une classification qui comprend 21 catégories. Elle est appliquée à des emprunteurs très solides ne présentant que de très faibles possibilité de non-remboursement.

Moody's n'exclut pas de revoir à la baisse la perspective d'évolution de la dette espagnole. Cela pourrait intervenir si le gouvernement du pays se montrait moins déterminé à mener à bien sa réforme des retraites et la réduction du déficit budgétaire.

Autres dangers soulignés par Moody's: l'État central pourrait ne pas parvenir à contrôler les dépenses des régions, le marché de la dette se dégraderait et la croissance du pays s'établirait au dessous du niveau (déjà faible) anticipé par l'agence.

Mais l'approbation vendredi dernier par le Conseil des ministres espagnol d'un projet de budget 2011 austère a incité Moody's à être moins sévère.

«La détermination du gouvernement à réduire à court terme son très important déficit public est un facteur important dans la décision de Moody's à limiter la dégradation de la note de seulement un cran et d'attribuer une perspective stable», explique Kathrin Muehlbronner, analyste en chef pour l'Espagne.

Le budget espagnol doit être présenté jeudi midi au Parlement. Son objectif premier est de réduire le déficit public, qui a explosé à 11,1% du PIB en 2009: l'Espagne vise 9,3% en 2010, 6% en 2011 puis 3% en 2013.

Pour cela, il prévoit une diminution de 16% des dépenses des ministères et de 7,9% des dépenses de l'État, hors dépenses financières et à périmètre comptable constant. Les fonctionnaires subissent déjà depuis juin une baisse de 5% de leurs salaires.

S'ajoute aussi une hausse de l'impôt sur les revenus les plus élevés.

Les socialistes - qui ne disposent que d'une majorité relative - sont quasiment sûrs d'obtenir un feu vert à ce projet, après avoir noué la semaine dernière un accord avec le Parti nationaliste Basque (PNV).