La nouvelle a eu l'effet d'un coup de tonnerre au cours d'une récente conférence sur le commerce nord-américain: le New Hampshire, État voisin du Québec, fait désormais plus de commerce avec le Mexique qu'avec le Canada.

«Nous avons constaté une tendance inquiétante au New Hampshire l'an dernier», a déclaré Jeanne Shaheen, sénatrice de l'État au Congrès américain, lors d'une réunion du Conseil des affaires canado-américaines.

«En 2009, le Mexique a déclassé le Canada comme plus grand marché d'exportation de notre État, a-t-elle précisé. (...) Pour un État limitrophe qui a historiquement eu des liens extrêmement étroits avec le Canada, c'est plutôt déconcertant.»

Les exportations du New Hampshire vers le Canada ont plongé de près de 30% en 2009, alors que les exportations vers le Mexique ont crû de près de 40%. Difficile à comprendre vu l'accès privilégié au Canada dont jouissent les entreprises de l'État.

La situation est surtout attribuable au recul du commerce des produits de bois et des pièces d'avions entre le Canada et le New Hampshire, a indiqué George Bald, du ministère des ressources et du développement économique de l'État.

Le New Hampshire exporte du bois vers le Canada et en retour, les entreprises canadiennes envoient dans l'État des produits finis qui sont utilisés par l'industrie de la construction domiciliaire. Or, ce secteur a connu d'importantes difficultés au cours des dernières années.

En parallèle, l'exportation au Mexique de pièces électroniques fabriquées au New Hampshire a bondi. «Nous avons récemment commencé à voir des signes selon lesquels le Canada reprend du poil de la bête avec le redressement de l'économie», a affirmé M. Bald.

Scott Miller, directeur des politiques de commerce mondial à la multinationale Procter & Gamble, a également assisté à la conférence. D'après lui, l'intégration économique entre les États-Unis et le Canada est en train de perdre des plumes à cause de l'accroissement des contraintes sécuritaires et administratives à la frontière.

«Les accords commerciaux sont conclus à un moment précis de l'histoire, a-t-il relevé. Mais les économies évoluent et la nature du commerce change, alors que la structure des ententes reste la même. Nous avons un traité qui ne reflète plus les réalités commerciales.»

Aux yeux de M. Miller, Ottawa et Washington doivent se remettre à la table et moderniser l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), entré en vigueur le 1er janvier 1994.