La crise de dette publique en Europe, et le risque croissant q'elle fait peser sur l'économie mondiale, dominent le sommet des ministres des Finances et banquiers centraux des pays du G20, qui se termine aujourd'hui à Busan en Corée du Sud.

Par conséquent, le milieu financier devra patienter avant d'en savoir plus sur les prochaines normes de capitalisation et de taxation des banques que préparent les pays du G20, comme palliatifs à une autre crise.

Même le ministre canadien des Finances, Jim Flaherty, qui co-préside la réunion de Busan en prévision du sommet des chefs d'État du G20 à Toronto, à la fin juin, a dû se résigner hier à discuter d'abord des remèdes économiques et financiers à court terme, au lieu de progresser au sujet des renforcements réglementaires du secteur financier.

«Les événements courants en Europe sont inquiétants, alors que la reprise économique mondiale demeure fragile», a indiqué le ministre Flaherty, entre deux séances de pourparlers.

«C'est essentiel que l'Europe corrige rapidement ses problèmes bancaires. C'est aussi essentiel que les pays d'Europe les plus vulnérables s'engagent pour de bon dans de sérieuses réformes budgétaires. »

D'ailleurs, encore hier, les inquiétudes provenant de l'Europe, combinées aux données d'emploi mitigées aux États-Unis, ont fait déraper les marchés financiers.

Les indices boursiers américains ont terminé en baisse de plus de 3%, alors que l'indice de la Bourse de Toronto reculait de 2%.

L'euro a encore cédé de 1,6% sous la barre des 1,20$US, sa pire cote depuis 2006.

Quant au renforcement réglementaire du secteur financier, qui est une priorité du Canada parmi le G20, le ministre Flaherty s'est tout de même dit confiant que les discussions avancent malgré les inquiétudes économiques à court terme.

«Si nous (les ministres) progressons à ce sujet ce week-end, je m'attendrai à ce que les chefs d'États réunis à Toronto puissent constater que nous allons dans la bonne direction. Un accord international en fin d'année demeurerait possible», a commenté le ministre Flaherty.

Pendant ce temps, à Paris, le premier ministre Stephen Harper concluait un court périple européen sans parvenir à dissuader ses vis-à-vis de la pertinence d'une éventuelle taxe bancaire.

Les principaux gouvernements d'Europe et celui des États-Unis veulent une telle taxe afin de récupérer les centaines de milliards de dollars qu'ils ont dû injecter d'urgence dans leur système bancaire depuis deux ans, pour endiguer la pire crise financière en trois quarts de siècle.

À l'opposé, le gouvernement canadien est devenu le porte-étendard des pays du G20 qui s'opposent à une telle taxe bancaire, estimant qu'une réglementation plus sévère est préférable pour prévenir une autre crise.

Pour le moment, ce sujet divise le G20 au point où l'on doute de plus en plus de la possibilité d'un vrai accord international, qui irait au-delà d'objectifs généraux dont la réalisation serait laissée à chaque pays.

«On cherche à arriver à une entente sur cette question. Même si des pays font des choses différentes, on peut reconnaître un principe en commun pour que les risques de crise soient assumés par les institutions financières, et non par les contribuables», a indiqué le premier ministre Harper, après ses rencontres avec le président français, Nicolas Sarkozy, et le premier ministre, François Fillion.

Selon ce dernier, «il y a un très large consensus entre nous, au sein du G20, sur l'objectif. L'objectif, c'est limiter les comportements à risque des banques.

«Même si le principe (taxe ou règlementation) ne fait pas l'unanimité au G20, rien n'empêche d'en discuter ensemble, de trouver des principes forts qui permettent d'aboutir aux objectifs qu'on s'est fixés», a indiqué le premier ministre Fillion.

Le Canada s'oppose à une taxe bancaire internationale car il estime que ses banques se sont bien tirées de la crise financière, contrairement aux banques d'Europe et des États-Unis.

Au sein du G20, la Chine, l'Inde, l'Australie, l'Argentine et le Brésil partagent la position canadienne.

Il s'agit de pays où la croissance économique est demeurée la plus forte, comparativement à l'anémie persistante en Europe et aux États-Unis.

- Avec Bloomberg, PC, AFP