La reprise de l'économie mondiale est non seulement «confirmée», mais elle s'«accélère», a estimé lundi Jean-Claude Trichet, au lendemain de mesures exceptionnelles lancées par l'Union européenne pour sauver de la déroute certains de ses membres et calmer les marchés.

«Un certain nombre d'observations, particulièrement dans les pays émergents, démontrent que les statistiques sont meilleures que prévu», a souligné M. Trichet lors d'une conférence de presse au siège de la Banque des règlements internationaux (BRI).

«Il y a une différence entre les économies émergentes et les pays industrialisés» résultant en une reprise «à plusieurs vitesses», a souligné M. Trichet, qui s'exprimait en sa qualité de porte-parole du groupe des principales banques centrales réunies à Bâle.

Malgré ces signaux positifs de croissance, M. Trichet a averti qu'il demeurait «prudent» sur les perspectives mondiales dans les mois à venir. Il se montrait également réservé sur l'impact de la crise financière actuelle sur l'économie mondiale.

Parallèlement aux mesures sans précédent annoncées dans la nuit de dimanche à lundi pour venir en aide aux pays de la zone euro en difficulté et rassurer les marchés avant leur ouverture, M. Trichet a indiqué que les opérations de rachat d'obligations d'États européens avaient «commencé ce matin».

La plupart des grandes banques centrales dans le monde, dont la Banque centrale européenne (BCE), ont annoncé dans la nuit de dimanche à lundi des mesures concertées et exceptionnelles destinées à ramener la stabilité financière dans la zone euro.

Les investisseurs s'inquiètent en particulier du cas de la Grèce et redoutaient ces derniers jours une contagion à l'Espagne et au Portugal notamment, faisant plonger les Bourses.

De son côté, l'Union européenne a mis en place un plan de secours historique avec le Fonds monétaire international (FMI) pouvant aller jusqu'à 750 milliards d'euros pour aider les pays de la zone euro en détresse financière.

M. Trichet a par ailleurs balayé les critiques soulevées après l'intervention d'urgence de la BCE qui, selon certains analystes aurait été la conséquence de pressions politiques. La BCE a agi de manière «totalement indépendante», a-t-il insisté.

«Cette décision est la décision du conseil des gouverneurs (de la BCE) et n'est pas le résultat d'une quelconque pression», a lancé M. Trichet. Le conseil «a jugé qu'il fallait prendre rapidement une décision, donc c'est ce que nous avons fait», a-t-il dit.

«Nous n'avons demandé à personne s'il fallait faire quelque chose ou pas», a ajouté le patron de la BCE.

Il a également indiqué qu'il était «absolument crucial» que les gouvernements européens atteignent leur objectifs budgétaires, malgré le plan de soutien sans précédent lancé par l'UE.

Les gouvernements de la zone euro, qui se sont engagés à réduire encore davantage leurs déficits publics, doivent «prendre toutes les mesures nécessaires pour atteindre leurs objectifs budgétaires cette année et les prochaines années», selon M. Trichet.

Cela est «absolument crucial» et «essentiel», a-t-il martelé.