La crise économique a fait flamber le taux de chômage de nombreux pays, précipitant dans l'incertitude des millions de travailleurs.

Les jeunes sont particulièrement touchés au dire de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui presse les États d'agir pour éviter que ce groupe ne se transforme en «génération sacrifiée».

Le taux de chômage des personnes âgées de 15 à 24 ans a augmenté de six points de pourcentage de 2007 à la fin de 2009 pour atteindre 19% dans les pays membres de l'OCDE.

 

La situation est particulièrement grave en Espagne, où plus de 40% des jeunes actifs demeurent sans emploi. Pour les moins qualifiés, trouver un travail digne de ce nom représente un défi presque insurmontable.

Tomas del Toro en sait quelque chose. Le jeune homme de 18 ans, qui a interrompu une formation en informatique, a tenté en vain pendant plusieurs mois de se trouver un poste.

«J'ai envoyé des curriculum vitae un peu partout, mais il n'y a rien, rien, rien», souligne M. del Toro, qui dit avoir mis fin à ses études parce qu'il avait besoin d'argent pour «payer ses sorties avec ses amis».

Faute de mieux, il distribue à temps partiel, pour six euros l'heure, des pamphlets publicitaires qu'il place sur les pare-brise des voitures.

«C'est mon oncle qui m'a trouvé ce travail. Il connaît le propriétaire du magasin qui est annoncé», explique le jeune homme, qui souhaite retourner aux études et se réorienter vers le secteur de la mode.

Pour faire face à la baisse des commandes, les entreprises ont massivement coupé dans le personnel précaire, relève Jose Antonio Herce, économiste rattaché à une importante firme de consultants de Madrid.

«L'effondrement du secteur de la construction, qui employait beaucoup de jeunes et d'immigrants, a eu un impact particulièrement important», dit-il.

Même les jeunes Espagnols qui avaient réussi à trouver un contrat stable sont loin d'être à l'abri des ennuis.

Guillermo Callo, informaticien de 26 ans qui travaillait à temps plein pour une entreprise étrangère, s'est vu sommer il y a neuf mois d'accepter une baisse de rémunération de 25% ou de prendre la porte. Il a refusé et a été renvoyé.

«J'ai été traité comme un jouet. Ce sont toujours eux qui arrivent à s'en sortir et nous qui payons la note», souligne avec amertume le jeune homme, qui demeure encore chez ses parents.

«L'impact pour les jeunes est vraiment dramatique puisque ça retarde plus encore le moment où ils peuvent espérer vivre de manière indépendante», relève M. Herce.

La crise n'a pas entraîné pour autant de retour massif au foyer familial, assure le directeur de l'Observatoire de la jeunesse en Espagne, Julio Camacho. Une étude de l'organisation indique qu'un peu moins de 30% des jeunes de 16 à 29 ans ne vivaient plus chez leurs parents à la fin de 2009, un faible taux reflétant, selon lui, les pratiques culturelles du pays et non l'impact de la crise.

«Le réseau familial joue tout de même un rôle important d'amortisseur dans les circonstances actuelles», dit-il.

L'OCDE, dans son rapport, prévenait que les jeunes sont plus à risque de développer des «conduites déviantes au coût social élevé» s'ils perdent tout espoir de se trouver un emploi stable.

L'organisation presse les États membres d'adopter des mesures spécifiques visant à faciliter leur entrée en entreprise, voire même d'assurer aux plus démunis un revenu garanti en échange de leur engagement dans un programme de formation.

Guillermo Callo aimerait bien que le gouvernement de Jose Luis Rodriguez Zapatero intervienne plus énergiquement en faveur des jeunes Espagnols qui se retrouvent, comme lui, en difficulté.

«On ne nous offre pas d'opportunité pour nous réaliser. Je ne vois pas l'avenir avec beaucoup d'espoir», dit-il.