L'Islande se trouve plongée dans l'incertitude après que la population du petit pays nordique eut refusé, par référendum, d'éponger la dette générée envers les Pays-Bas et la Grande-Bretagne par l'effondrement de la banque en ligne Icesave.

En réaction à la victoire du non, qui a recueilli près de 93% des voix la fin de semaine dernière, le gouvernement en place à Reykjavik répète que ce sont les termes du remboursement promis aux deux pays qui sont rejetés et non l'idée même d'un remboursement.

Le refus risque, quoi qu'il en soit, de retarder le versement d'une aide de plusieurs milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI).

«Même la Finlande, qui est un pays proche de l'Islande, a dit qu'elle ne nous verserait pas un cent tant que l'affaire Icesave n'était pas résolue... Si on ne règle pas ça rapidement, les choses pourraient encore empirer pour l'économie», souligne Gretar Gudmundsson, ancien journaliste économique du quotidien Morgunbladid qui a suivi de près les rebondissements de la crise.

Selon lui, la population islandaise, en votant massivement non au référendum, a d'abord voulu exprimer sa «colère» devant la non-responsabilisation des autorités locales face à la crise.

«Les gens ordinaires ont perdu beaucoup d'argent, mais ceux qui ont causé les problèmes continuent leur vie de luxe dans leurs maisons à Londres ou en Suisse», indique M. Gudmundsson, joint à Reykjavik.

La population, dit-il, espère beaucoup du rapport, attendu dans les prochains jours, d'un groupe d'experts qui a été mandaté pour faire la lumière sur la crise et départager les responsabilités de chacun.

«Les personnes qui mènent l'enquête sont très respectées. Beaucoup de gens espèrent que les résultats seront positifs et que nous pourrons nous appuyer dessus pour lancer la reconstruction du pays», souligne l'ex-journaliste.

Le gouvernement islandais avait dû intervenir d'urgence à l'automne 2008, au coeur de la crise, pour sauver trois des principales banques du pays qui s'étaient lancées dans des politiques expansionnistes insoutenables.

C'est dans ce contexte que la banque Icesave, filiale de l'une des banques nationalisées, a fait faillite, lésant des dizaines de milliers de ressortissants néerlandais et anglais qui lui avaient confié leurs fonds pour profiter de taux d'intérêt élevés.

La Grande-Bretagne et les Pays-Bas ont avancé les sommes perdues à leurs contribuables et réclament de Reykjavik, en contrepartie, le remboursement d'une somme de quelque 6 milliards US dans les années à venir.

Confiance

La Grèce, qui a réussi la semaine dernière à emprunter l'équivalent de plus de 7 milliards US sur les marchés, continue pendant ce temps sa bataille pour restaurer la confiance des créditeurs.

Hier, la presse du pays se félicitait des commentaires du président français Nicolas Sarkozy, qui a salué l'annonce de nouvelles compressions en Grèce et promis un appui sans équivoque à Athènes «si cela s'avère nécessaire».

Les mésaventures de la Grèce ne sont pas passées inaperçues au Portugal, qui suscite aussi des inquiétudes.

Le gouvernement socialiste en poste à Lisbonne, confronté à un déficit représentant 9,3% du produit intérieur brut (PIB) en 2009, a décidé d'aller au-devant des coups en adoptant au cours de la fin de semaine dernière un nouveau plan d'austérité. Il prévoit notamment un gel du salaire des fonctionnaires qui risque d'être mal accueilli par les syndicats.

Malgré les craintes de Lisbonne, le FMI estime improbable que la crise en Grèce se propage à d'autres pays du sud de l'Europe.

«Vous pouvez énumérer tous les pays de la zone euro pour tenter de faire peur aux gens sur tout, mais je ne pense pas que ça va se produire», a déclaré à Reuters le directeur général de l'organisation, Dominique Strauss-Kahn.

Il a précisé, du même coup, qu'il «comprenait» que les autorités européennes souhaitent aborder le problème posé par la Grèce sans faire appel au Fonds monétaire international.

Les dirigeants de l'Union européenne jonglent en fait avec l'idée de créer un Fonds monétaire européen qui leur permettrait de venir en aide aux pays membres en détresse.

L'idée est défendue notamment par l'Allemagne, qui demande que toute aide soit assortie de «conditions strictes».