Le Royaume-Uni qui a sans doute émergé de la récession fin 2009, devrait limiter les conséquences économiques de la pire vague de froid depuis 30 ans, estiment les analystes, les Britanniques reportant par exemple leurs achats ou travaillant depuis chez eux.

La Confederation of British Industry (CBI), première organisation patronale du pays, a jugé que «le mauvais temps a visiblement causé des problèmes massifs aux entreprises dans le pays et aux gens qui travaillent pour elles». «C'est particulièrement malheureux alors que les temps sont déjà difficiles en raison de la situation économique», a-t-elle noté.

Le Royaume-Uni était officiellement encore en récession au troisième trimestre, alors que la France et l'Allemagne en sont sorties au deuxième trimestre. Les indicateurs semblent montrer qu'il en est sorti au quatrième trimestre. La première estimation de croissance du quatrième trimestre sera publiée le 26 janvier.

Les analystes relativisent cependant l'impact d'intempéries qui ont pourtant largement perturbé l'ensemble des transports, empêchant beaucoup de Britanniques de se rendre au travail, tandis que des milliers d'écoles restaient fermées.

«Tout cela ne devrait pas avoir autant de conséquences que redouté», a indiqué à l'AFP Howard Archer, d'IHS Global Insight. Par exemple, selon lui, «les gens reporteront leurs achats plutôt que de les annuler».

Quoique inquiète, la CBI a aussi estimé que le mauvais temps serait compensé par l'utilisation de l'internet à haut débit, qui a permis à une partie de la population soit de travailler, soit de faire ses achats, à domicile.

Collin Ellis, du cabinet Daiwa Capital Markets Europe, a observé lui aussi que «le résultat le plus probable serait un transfert entre différents types de consommation, par exemple plus de repas livrés à domicile que de sorties au restaurant».

L'institut CEBR (Centre for Economics and Business Research) a estimé que le mauvais temps pourrait coûter un milliard de livres (1,1 milliard d'euros) par jours à la production britannique.

Keith Pilbeam, professeur d'économie à la City University de Londres, estime cependant que ce calcul «est impossible à faire précisément», en raison de ces transferts.

«Certes pour les entreprises, payer des employés qui ne viennent pas au travail, et ainsi ne produisent pas, va peser sur leurs bénéfices», remarque-t-il. «Cependant, le fait que les gens restent chez eux profitera par exemple aux compagnies d'énergie, car ils vont allumer la télévision et monter le chauffage».

Les fabricants de vêtements chauds, également, peuvent se frotter les mains.

Le patron de la CEBR Douglas Williams a reconnu que «certaines entreprises déjà en mauvaise situation financière pourraient basculer» mais jugé lui aussi «qu'il ne faut pas exagérer l'impact économique des intempéries».

«Evidemment, quand on voit à la télé des images de voitures immobilisées, de compagnies de gaz prévenant de possibles pannes, d'enfants construisant des bonhommes de neige, on peut s'attendre à un gros impact».

«Mais la recherche a déjà montré que l'effet d'une météo extrême sur la croissance est étonnamment mince», a-t-il conclu.

Howard Archer se veut encore plus optimiste. Selon lui, l'obligation pour les Britanniques de rester chez eux «entraînera peut-être, qui sait, un baby boom dans neuf mois».

Les périodes de fortes naissances sont réputées excellentes pour l'économie, en raison en particulier des multiples achats (cadeaux, matériel divers) qu'elles engendrent.