L'Allemagne a fini par perdre son titre de premier exportateur mondial au profit de la Chine, qui profite davantage de la reprise économique, selon les statistiques du commerce extérieur publiées vendredi.

La première économie européenne, dont l'excédent commercial s'est encore accru en novembre, reste toutefois un champion du commerce extérieur.

Avec ses 82 millions d'habitants, elle a vendu pour 734,6 milliards 1050 milliards de dollars de biens hors de ses frontières sur les 11 premiers mois de 2009, selon l'institut allemand Destatis.

Le géant chinois avec ses 1,34 milliards d'habitants l'a dépassée, exportant l'équivalent de 1070 milliards de dollars sur la période.

Sur l'ensemble de 2009, la Chine devrait donc remporter la manche pour la première fois, alors que ces dernières années l'Allemagne avait maintenu son avance sur le fil du rasoir.

Le ministre adjoint chinois du commerce, Zhong Shan, avait estimé dès fin décembre que «la Chine (allait) probablement supplanter l'Allemagne pour devenir le premier exportateur mondial» sur l'ensemble de l'année 2009, malgré le ralentissement des exportations dû à la crise économique mondiale et une baisse estimée des exportations chinoises de 16% sur un an.

Mais les deux puissances ne jouent pas dans la même catégorie : la Chine, dopée par le niveau du yuan, est devenue l'atelier du monde dont les industries d'export ne dégagent que de faibles marges, tandis que le made in Germany génère une forte valeur ajoutée.

L'Allemagne vend au monde entier ses machines-outils, ses voitures ou ses produits chimiques, réalisées par des petites structures très spécialisées ou par les géants nationaux comme Siemens ou Volkswagen.

Ironie du sort, l'Allemagne profite ces derniers mois de la croissance des investissements en Asie, et de la demande chinoise pour ses produits fortement spécialisés, relève Carsten Brzeski, d'ING.

Mais la plus grande part de ses exportations (63%) est destinée à ses partenaires européens, dont les taux de croissance sont bien plus modestes.

Même si l'Allemagne perd son titre de premier exportateur mondial, la bonne tenue du commerce extérieur est l'un des rares motifs d'optimisme pour son économie, alors que les commandes à l'industrie ont déçu, et que la consommation est en baisse.

«L'économie allemande peut au moins se reposer sur son bon vieil ami : ses exportations robustes», estime Carsten Brzeski, qui note que le solde commercial en données brutes est en novembre à son plus haut niveau depuis juin 2008.

«Les exportations restent le principal vecteur de croissance pour l'instant», ajoute Alexander Koch, d'Unicredit.

L'excédent commercial allemand s'est largement amélioré en novembre, à 17,2 milliards d'euros en données corrigées des variations saisonnières, contre 13,6 milliards en octobre, aidé toutefois par une baisse des importations de 5,9%, à 53,4 milliards d'euros.

Pour 2010, la compétition entre les deux géants reste ouverte. La Chine va faire face à une «situation encore plus compliquée», étant donné les incertitudes sur la demande mondiale et la stabilité du taux de change du yuan, avait déclaré fin décembre son ministre.

Côté allemand, les analystes redoutent un ralentissement de la demande extérieure, jusque-là tirée par les plans de relance des États.

«La demande à l'exportation va connaître des taux de croissance plus modérés qu'au début de la reprise économique actuelle, d'autant plus que les stimulus fiscaux se tarissent», juge ainsi Alexander Koch, d'Unicredit.