Le groupe Fininvest, appartenant à Silvio Berlusconi, a été condamné samedi à verser près de 750 millions d'euros à la CIR, holding de son grand rival Carlo de Benedetti, en dédommagement d'un procès concernant la prise de contrôle de Mondadori, a annoncé l'agence Ansa.

Le Tribunal civil de Milan a jugé que la CIR «est en droit» d'obtenir le paiement par Finivest de 749,995 millions d'euros pour «préjudice patrimonial».

L'homme d'affaires italien Carlo de Benedetti a immédiatement salué cette décision qui «nous rend justice», a-t-il dit, alors que la présidente de Finivest, Marina Berlusconi, fille du chef du gouvernement, l'a qualifiée d'«incroyable» et a annoncé que son groupe fera appel.

Ce jugement est le dernier épisode en date d'un feuilleton vieux de 20 ans lorsque le groupe de Silvio Berlusconi était parvenu à ravir la propriété du groupe éditorial Mondadori à son créateur Carlo de Benedetti.

Elle a été prononcée après la condamnation définitive pour corruption en 2007 de deux avocats et d'un juge, par un tribunal pénal qui avait jugé qu'une sentence donnant raison à M. Berlusconi pour la reprise de Mondadori avait été «achetée».

La holding CIR est très active dans la presse à travers l'hebdomadaire L'Espresso et le quotidien de gauche La Repubblica très en pointe sur la couverture des scandales sexuels dans lesquels serait impliqué le Cavaliere.

«Près de vingt ans après la fraude mise en oeuvre pour soustraire à notre groupe la légitime propriété de Mondadori, la magistrature nous rend enfin justice également sur le plan civil», a commenté M. de Benedetti, cité par Ansa.

«Le jugement ne compense pas le fait de n'avoir pas pu réaliser le projet industriel qui aurait créé le premier groupe éditorial italien, mais il établit de façon irrévocable les comportements illicites qui l'ont empêché», a-t-il poursuivi.

Pour sa part, Marina Berlusconi a qualifié le jugement d'«incroyable et déconcertant», affirmant que sa société «a toujours opéré avec la plus grande correction et démontré de façon limpide et irréfutable la validité de ses propres arguments».

«Je ne peux pas m'empêcher de souligner que ce jugement tombe à un moment politique très particulier. Elle donne raison à un groupe éditorial dont la ligne d'attaques extrêmement dures à l'égard du président du Conseil est sous les yeux de tous», a-t-elle ajouté.

Cet épisode pourrait toutefois ne pas marquer la fin du conflit entre les deux grands rivaux du capitalisme italien.

«Ceux qui crient victoire trop vite se trompent. Nous savons que nous sommes dans le juste, et nous sommes certains qu'à la fin, ceci ne pourra pas ne pas être reconnu», a prévenu Marina Berlusconi, en annonçant son recours en appel. Recours qui sera accompagné d'une requête auprès de la Cour d'Appel de bloquer l'exécution du jugement.