Après des années de vaches maigres, la revente de maisons à deux étages (« cottages ») affiche un regain considérable à Montréal, au point que ce segment de marché pourrait recommencer à avantager les vendeurs d'ici quelques mois.

Selon une étude de la firme Royal LePage qui sera publiée aujourd'hui, le prix médian de ces propriétés a grimpé de 5,1 % depuis un an, à 437 378 $. Le phénomène des offres multiples, qu'on n'avait pas vu depuis des années, a même fait un retour en force pendant le dernier trimestre dans la région métropolitaine.

« D'ici la fin de l'année ou le début de l'année prochaine, si la tendance se maintient, on devrait retourner dans un marché qui va plutôt favoriser les vendeurs », a affirmé à La Presse Affaires Dominic St-Pierre, directeur principal, Royal LePage, pour la région du Québec.

Le centre de Montréal affiche la progression la plus marquée depuis un an, avec un prix médian de 562 501 $ (+ 8,7 %). Les hausses dépassent 3 % dans tous les secteurs de la métropole, sauf à Laval, où la valeur médiane des maisons à deux étages a fléchi de 1,7 %.

BUNGALOWS ET CONDOS

Si le regain d'intérêt a été marqué pour les plus grosses propriétés, le prix des maisons de plain-pied a connu une hausse plus modeste au deuxième trimestre. Leur valeur de revente médiane s'est établie à 283 755 $ dans le Grand Montréal, en hausse de 2,5 %.

Les condos ont affiché la progression la plus faible en raison d'un nombre de condos à vendre qui demeure élevé. Le prix médian s'est établi à 283 710 $, soit une augmentation de 1,4 % depuis un an. Le marché des copropriétés demeure à l'avantage des acheteurs dans la plupart des secteurs, mais il pointe vers un équilibre prochain, a avancé Dominic St-Pierre.

PRÉVISIONS EN HAUSSE

Quoi qu'il en soit, le rebond des derniers mois a amené Royal LePage à réviser ses prévisions à la hausse pour l'année 2016 à Montréal. La firme s'attend maintenant à un prix médian de 350 400 $, tous types de propriétés confondus, en hausse de 3 %. Le nombre de transactions devrait quant à lui grimper de 4 à 5 %, estime l'agence.

Ailleurs au Québec, les prix médians (tous types de propriétés confondus) ont aussi progressé au deuxième trimestre. Ils ont atteint 268 368 $ dans la Vieille Capitale (+ 2,8 %), 250 978 $ à Gatineau (+ 2,8 %), 240 343 $ à Sherbrooke (+ 3,2 %) et 183 709 $ à Trois-Rivières (+ 6,8 %), indique Royal LePage.

À l'échelle canadienne, les hausses observées ce printemps ont été les plus fortes depuis cinq ans, une flambée qui suscite des craintes à Ottawa. Selon un indice des prix réalisé par Royal LePage dans 53 villes, le prix des maisons a grimpé de 9,2 % depuis un an, à 520 223 $.

UNE MISE DE FONDS MINIMALE DE 10 % ?

Alors que l'explosion des prix se poursuit à Vancouver et Toronto, certains économistes ont plaidé récemment pour faire passer de 5 à 10 % la mise de fonds minimale pour acheter une propriété avec un prêt hypothécaire assuré. Cette suggestion inquiète au plus haut point la Fédération des chambres immobilières du Québec. 

« Une telle mesure affecterait durement l'accession à la propriété », résume l'économiste Paul Cardinal. Il rappelle que le taux de propriétaires s'élève à seulement 61 % au Québec, contre plus de 70 % dans les autres provinces. Selon M. Cardinal, la flambée récente des prix ne peut être attribuée aux premiers acheteurs, qui seraient toutefois les premiers pénalisés par le rehaussement de la mise de fonds minimale.