Alors que le marché immobilier montréalais reprend timidement du tonus, celui des autres grandes villes canadiennes est en ébullition. Les ventes de maisons ont grimpé de plus de 10% sur un an à l'échelle du pays, tandis que les prix ont atteint un nouveau sommet en septembre. Tour d'horizon.

408 795$

C'est le prix moyen d'une propriété au Canada en septembre, selon les données diffusées hier par l'Association canadienne de l'immeuble (ACI). Il s'agit d'une hausse de 5,9% sur un an. Les gains les plus importants ont été enregistrés à Calgary (+ 10,1%), Toronto (+ 7,8%) et Vancouver (+ 5,3%). «Le prix moyen à l'échelle nationale continue à subir l'influence des ventes à la hausse dans le Grand Vancouver et le Grand Toronto, qui comptent parmi les marchés du logement les plus actifs et les plus chers au Canada, souligne l'ACI. Si on exclut ces deux marchés du calcul, le prix moyen atteint le montant relativement plus modeste de 325 406$, tandis que la hausse d'une année à l'autre baisse pour atteindre 4,5%.»

+10,6%

Les ventes immobilières ont quelque peu diminué entre août et septembre au pays (- 1,4%), rapporte l'ACI. Sur un an, toutefois, elles affichent une hausse surprenante de 10,6%. «La poursuite des taux hypothécaires incroyablement bas, soit l'élément-clé de l'activité du marché du logement, a soutenu et soutient toujours les ventes résidentielles, et ce, en dépit de la hausse continue des prix dans certains des centres urbains les plus actifs et les plus chers du Canada», a fait valoir Gregory Klump, l'économiste en chef de l'ACI.

Et Montréal?

Le marché immobilier de la métropole québécoise apparaît plus terne que celui des autres grandes villes du pays. L'une des raisons, c'est que le nombre de propriétés à vendre continue d'y augmenter - il atteint aujourd'hui un sommet de 32 393 -, alors qu'on observe des pénuries dans les marchés les plus chauds. Selon une étude de Royal LePage publiée hier, la valeur de revente moyenne des maisons unifamiliales de plain-pied a progressé de 2,6% à Montréal au troisième trimestre, à 296 857$. Le prix des maisons standards à deux étages a grimpé d'un maigre 0,2%, à 403 714$, tandis que celui des condos a gagné 0,5%, à 241 000$. Les ventes ont pour leur part rebondi de 7,4% en septembre à Montréal.

L'avis des économistes

Les observateurs du marché immobilier répètent la même rengaine depuis quelques années déjà: le marché canadien va se calmer, atterrir, refroidir, alouette. Ce mois-ci ne fait pas exception. «Même si le marché immobilier continue à défier les attentes en 2014, nous croyons toujours que l'activité va baisser par rapport aux niveaux actuels, fait valoir Randall Bartlett, économiste à la TD. Alors que les prix continuent d'augmenter plus vite que les salaires, l'abordabilité va devenir un obstacle à la demande d'habitations une fois que les taux d'intérêt commenceront éventuellement à augmenter.» David Madani, de Capital Economics, doute pour sa part que les acheteurs seront encore confiants pour bien longtemps d'acheter une maison «surévaluée», puisque l'horizon économique du pays est «incertain».

On paie l'hypothèque...

La faiblesse historique des taux d'intérêt ne fait pas que stimuler les ventes de maisons. Elle incite aussi les Canadiens à rembourser leurs prêts hypothécaires à une vitesse record, indique une étude publiée hier par la CIBC. «Malgré un marché de l'emploi léthargique et un taux de chômage encore trop élevé pour la Banque du Canada, la performance du service de la dette au Canada n'a presque jamais été aussi bonne», a souligné Benjamin Tal, économiste en chef adjoint de la Banque CIBC. M. Tal estime que les Canadiens remboursent 11 milliards de plus par année que ce qui apparaît réellement dans les statistiques.