Seulement 3415 ventes résidentielles ont été réalisées dans le Grand Montréal en février, en baisse de 22% par rapport à l'an dernier, une situation qui place ce secteur à son niveau le plus bas en février depuis 2009.

L'ensemble des catégories de propriétés a été touché, et les plex (immeubles de deux à cinq logements) ont accusé la chute la plus importante, à -25%. Les ventes de maisons individuelles ont diminué de 22%, tandis que celles des copropriétés ont accusé un recul de 23%. Seuls les secteurs de Saint-Jérôme (+12%), Chambly (+13%) et Sainte-Julie-Varennes (+4%) s'en sont tirés avec des bilans positifs dans le secteur des maisons individuelles. L'attrait de Laval et de la couronne nord de Montréal s'est également confirmé. Ces secteurs, les plus abordables de la grande région métropolitaine, s'en tirent avec les reculs les moins significatifs, respectivement 14% et 12%.

Pour les experts, la plus grande surprise, si elle en est une, réside dans l'équivalence du ralentissement sur les marchés des maisons individuelles et des copropriétés. «Avant, la baisse des condos était plus importante, mais en février, ç'a été moins concentré, observe Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins. La progression des prix est fragile [dans le secteur des copropriétés], et ça ne prendrait pas grand-chose pour qu'on tombe dans une diminution des prix.» Avis aux intéressés, l'économiste y voit une bonne occasion d'achat pour ceux qui souhaitent garder un condo pour une longue période, d'autant plus que les taux d'intérêt actuels permettent l'obtention de mensualités peu élevées.

D'un point de vue plus général, il se dessine un consensus quant à la cause du déclin du marché. Ce dernier se manifeste depuis le resserrement, en juillet dernier, des règles liées aux emprunts hypothécaires. «Les personnes qui ne sont pas en mesure de faire une mise de fonds de 20% sont désormais obligées d'assurer leur prêt hypothécaire par la Société canadienne d'hypothèques et de logement», rappelle Paul Cardinal, directeur de l'analyse du marché à la chambre immobilière du Grand Montréal. «La période d'amortissement des prêts est également passée de 30 à 25 ans.»

Il n'y a pas que Montréal qui a mis les freins sur les ventes, ajoute-t-il, en évoquant des situations semblables dans les grands centres canadiens que sont Toronto et Vancouver.

«C'est mieux que ça se refroidisse maintenant plutôt que de tarder et d'exploser comme ç'a été le cas dans les années 90, renchérit Hélène Bégin. C'est ce que le gouvernement fédéral cherchait [en resserrant les règles]: ralentir l'activité en évitant les baisses de prix.»

En effet, si le prix médian des copropriétés est demeuré inchangé par rapport à février 2012, celui des maisons individuelles a grimpé de 2%, à 270 000$, et celui des plex, de 6%, à 435 000$.