Aveos, Johnson&Johnson, Mabe, Transcontinental: les milliers de pertes d'emplois qui s'accumulent au Québec affecteront le marché immobilier de la province dès cette année, prévoit la Banque TD.

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Selon une étude publiée jeudi, le prix moyen des propriétés reculera de 1,2% cette année et de 3,1% l'an prochain au Québec. La valeur moyenne se situerait ainsi à 241 400$ à la fin de 2013, soit un retour au même niveau que 2010.

Le nombre de transactions devrait pour sa part fléchir de 0,5% cette année et de 4,6% en 2013. «La croissance de l'emploi plus faible et le taux de chômage plus élevé contribueront à la faiblesse à laquelle on s'attend dans le secteur immobilier», a fait valoir l'économiste Sonya Gulati, de la TD, en entrevue à La Presse Affaires.

Près de 50 000 postes ont été supprimés depuis novembre au Québec, selon Statistique Canada. La Banque TD s'attend à ce que le taux de chômage se situe à 8% à la fin de cette année (comparativement à 8,4% en février) et à 7,6% l'an prochain.

La TD estime que la hausse de la taxe de vente du Québec ainsi que le bond de 0,15% aux cotisations de la Régime des rentes du Québec contribueront à la contre-performance du marché de l'emploi - ce qui se répercutera directement sur le marché immobilier.

Les prévisions de la TD apparaissent sombres par rapport à celles faites au début de 2012 par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL). L'organisme fédéral prévoit une hausse du nombre de transactions de 1,9% cette année et de 3,2% l'an prochain, accompagnées de gains annuels de 2% du prix moyen. Selon la SCHL, les propriétés se vendront en moyenne 262 500$ dans la province à la fin de 2013.

Surconstruction

L'emploi ne sera pas le seul facteur à surveiller au Québec, souligne la TD. Sonya Gulati craint une certaine surconstruction dans le secteur du condo neuf à Montréal, qui risque d'affecter le marché de l'habitation à moyen terme.

Les grues se comptent par dizaines dans la métropole, et plus de 8000 nouveaux condos sont à l'étude seulement dans le quartier Griffintown, selon les données du Groupe Altus. «Mon inquiétude principale quant à toute cette construction, c'est de savoir ce qui va se passer quand tous ces condos vont inonder le marché en même temps», a dit l'économiste.

La plupart des promoteurs attendent d'avoir prévendu 50% ou 60% des appartements avant de lancer la construction, ce qui «atténue» une part du risque, reconnaît Mme Gulati. Mais elle s'inquiète de ce qui se passera dans trois ou quatre ans lorsqu'une masse de condos presque neufs aboutiront sur le marché de la revente.

«Quand tous ces gens voudront vendre leur condo en même temps, eh bien, cette concurrence fait que vous n'obtiendrez probablement pas le prix que vous souhaitez», a-t-elle dit.

Selon la TD, le Québec et le Nouveau-Brunswick feront figure d'exceptions en 2012 par rapport aux autres provinces canadiennes. En effet, le marché de l'habitation devrait connaître de légères hausses dans la plupart des marchés cette année, prévoit l'institution.

Le marché de l'habitation devrait repartir à la hausse au Québec dès 2014, tandis que le rebond se produira seulement en 2015 dans le reste du pays, estime la TD.

La banque torontoise ne croit pas qu'une bulle immobilière a cours au Canada, mais elle considère que les prix sont surévalués de 10 à 15%. Le marché est «mur» pour une correction, selon la TD.