Plus de 8000 nouveaux condos sont prévus dans Griffintown au cours des prochaines années, une frénésie qui a alimenté les discussions - et une certaine inquiétude - hier au Sommet immobilier de Montréal.

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«Si on est tous présents au même endroit en train de développer, il y a un risque», a fait valoir Marc-André Roy, président de Sotramont, qui participait à un groupe d'experts.

«S'il y a trop d'offre, est-ce que la demande va suivre?», a poursuivi M. Roy, dont la firme s'est fait connaître pour son projet résidentiel Bois-Franc à Saint-Laurent.

Marie-Josée Vaillancourt, vice-présidente au développement du Groupe Axor, y est aussi allée d'une mise en garde. «Il faut y aller avec modération. Il y a tellement d'unités planifiées, et de spéculation, ce qui montre qu'il y a un risque que ça s'effondre.»

Coqueluche

Griffintown est devenu depuis deux ans la coqueluche des promoteurs immobiliers montréalais. Sa proximité avec le centre-ville et le canal de Lachine, ainsi que la présence de plusieurs terrains disponibles, ont entraîné l'annonce d'une série de projets résidentiels d'envergure.

Entre 8000 et 9000 nouveaux appartements en copropriété sont à l'étude dans l'ancien quartier industriel, selon les données du Groupe Altus. De ce nombre, 1700 ont été officiellement annoncés ou mis en vente.

Selon Mathieu Collette, directeur chez Altus, l'engouement actuel ne devrait pas susciter d'inquiétudes. Il souligne que 70% des 1700 unités annoncées sont déjà prévendues, ce qui témoigne d'une réelle demande.

M. Collette rappelle aussi que les promoteurs lancent leurs projets en plusieurs phases d'environ 150 logements à la fois. Le complexe des Bassins du Havre, qui prévoit au total 1800 condos, devrait par exemple être réalisé en 13 ou 14 phases. «Ça limite le nombre d'unités qui arrivent sur le marché en même temps», a-t-il dit pendant la conférence.

À l'heure actuelle, seules «quelques centaines» de condos sont terminés dans Griffintown, a indiqué le directeur d'Altus.

Il s'agit surtout des appartements du projet Lowney, construits par le groupe Prével depuis plusieurs années, avant que le quartier ne devienne si branché.

L'immobilier commercial a la faveur

Si les condos de Griffintown ont alimenté des discussions, hier, le Sommet immobilier de Montréal a été surtout axé sur l'immobilier commercial.

L'événement, qui en était à sa 14e présentation, a attiré un nombre record de 770 participants.

«On a eu de la demande de plus de 800 personnes, mais on n'a pu accueillir plus de gens parce que toutes les places étaient vendues, a indiqué George Prybylowski, vice-président de MMPI Canada, organisateur du Sommet. C'est un signe extrêmement positif de l'intérêt que suscite Montréal.»

Les immeubles commerciaux montréalais suscitent de plus en plus d'intérêt de la part des fonds de placement immobilier et régimes de retraite pancanadiens. À preuve, plus de 25% des participants - surtout des investisseurs, banquiers et courtiers - provenaient cette année de l'extérieur du Québec, comparativement à 20% l'an dernier.

«Les obligations n'offrent pas un rendement assez élevé, ce qui rend le marché immobilier très attirant, a noté M. Prybylowski, de MMPI Canada. Et les coûts de financement sont si bas que plusieurs sociétés sont maintenant capables de faire des transactions auxquelles elles n'auraient jamais pu rêver avant.»

Les nombreux investissements en infrastructures prévus à Montréal - plus de 33 milliards de dollars - ont par ailleurs fait l'objet de bien des discussions, hier.