Le ministre des Finances Jim Flaherty a réitéré ses inquiétudes quant à l'endettement hypothécaire des Canadiens, hier, au moment même où de nouvelles prévisions laissent entrevoir une certaine stabilisation du marché immobilier d'ici à la fin de 2013.

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«Les taux d'intérêt sont relativement bas, donc encore une fois, j'encourage les Canadiens à faire attention à la quantité de dettes hypothécaires qu'ils accumulent, car les taux vont remonter un jour et je ne voudrais pas que les gens se fassent prendre», a déclaré M. Flaherty à Ottawa.

Le ministre a formulé ces commentaires à l'issue d'une rencontre avec un groupe d'économistes, en préparation de son budget du 29 mars prochain. Certains d'entre eux préconisent de nouvelles mesures pour refroidir le secteur de l'habitation - comme la réduction de la période maximale d'amortissement hypothécaire de 30 à 25 ans -, mais aucun consensus n'a émergé hier.

Le marché immobilier est demeuré très vigoureux dans l'ensemble du pays en 2011. Le prix moyen a augmenté de 7,1%, à 363 406$, tandis que le nombre de transactions a progressé de 2,4%. En parallèle, la dette moyenne des ménages en proportion de leur revenu personnel disponible a atteint le niveau jamais vu de 153% l'automne dernier.

Jim Flaherty, qui a déjà imposé plusieurs mesures d'apaisement depuis trois ans, a indiqué que le marché immobilier avait montré des signes de «modération» dernièrement, rapporte l'agence Reuters qui a relayé ses propos. Le ministre s'est tout de même dit inquiet du secteur de la copropriété, sur lequel plane un risque de surconstruction.

Nouvelles prévisions

Cette sortie du ministre coïncide avec la publication de données révisées par l'Association canadienne de l'immeuble (ACI), hier. Selon l'ACI, le nombre de transactions montera de 0,3% cette année avant de glisser de 0,3% l'an prochain, pour totaliser 457 200 reventes. Le prix moyen devrait quant à lui reculer de 1,1% cette année pour se redresser de 0,9% en 2013, ajoute l'organisme.

La baisse attendue du prix moyen - à 359 100$ - est en bonne partie due au recul observé en Colombie-Britannique, a fait valoir Gregory Klump, économiste en chef de l'ACI. La valeur de revente moyenne devrait glisser de 4% cette année dans la province de l'Ouest, à 539 100$, après avoir explosé de 11,1% l'an dernier, ce qui influencera la moyenne nationale.

«Il n'y a pas lieu de s'inquiéter: la plupart des provinces enregistreront de légers gains en 2012 et des hausses plus modérées en 2013», a avancé M. Klump à La Presse Affaires.

Au Québec, le nombre de transactions devrait progresser de 2,3% cette année et de 0,2% l'an prochain, pour totaliser alors 79 150 reventes, prévoit l'ACI. Le prix moyen devrait croître de 3% et 2% pendant ces deux années, pour s'élever à 274 600$ dans la province en 2013.

La Banque TD prédit pour sa part une hausse de 2,5% du prix moyen cette année, suivie d'un recul de 2,1% en 2013. Le nombre de transactions devrait progresser de 0,5% en 2012 avant de chuter de 3,1% l'an prochain, ajoute la TD.

La banque torontoise prévoit en outre des baisses de prix de 2,5% au Québec et de 2,7% à Montréal en 2013, accompagnées de baisses des ventes du même ordre, a indiqué par courriel l'économiste Sonya Gulati.

Ces prévisions apparaissent presque optimistes par rapport au portrait apocalyptique dressé par le magazine Macleans cette semaine. La page couverture, où apparaît le dessin d'une maison en feu, indique aux Canadiens que c'est «officiellement le temps de paniquer».

Gregory Klump, de l'ACI, a qualifié de «sensationnaliste» et «déséquilibré» ce reportage qui dresse plusieurs parallèles entre la situation du Canada et celle des États-Unis avant l'éclatement de la bulle immobilière. Il reste que le prix des maisons et l'endettement des ménages canadiens ont suscité l'attention de plusieurs organismes internationaux au cours des derniers mois en raison de leurs niveaux très élevés.