Après avoir fortement reculé en 2011, le nombre de saisies immobilières augmentera dans les prochains mois au Québec, indiquent des données obtenues hier par La Presse Affaires.

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Les «préavis de délaissement» - publiés par les créanciers avant la reprise d'une maison - ont grimpé de façon constante depuis août dernier. Comme un délai de trois ou quatre mois s'écoule en général avant qu'un préavis se matérialise, la vague de saisies devrait commencer sous peu.

«Chaque fois qu'on voit une hausse dans les préavis, il y a ensuite une hausse dans les délaissements», a expliqué Daniel Langlois, président de la firme GDL Crédit, qui compile des données mensuelles sur le sujet.

L'année 2011 s'est conclue avec une baisse globale de 17% des reprises de maisons au Québec. La faiblesse historique des taux d'intérêt tout comme la robustesse du marché de l'emploi ont contribué à la solidité du marché de l'habitation pendant la majeure partie de l'année.

Or, la progression du nombre de préavis coïncide à peu près avec le début d'un recul de l'emploi dans la province l'automne dernier. Le Québec a perdu 69 500 postes au quatrième trimestre - dont 27 500 seulement en décembre -, ce qui a fait bondir le taux de chômage de 8% à 8,7% en un seul mois.

«Ça devrait manifestement se refléter sur les délaissements au début de l'année», a fait valoir Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins.

L'endettement massif accroît d'autant plus le risque de saisies immobilières pour plusieurs Québécois. «C'est certain que les ménages sont très endettés, donc lorsque les gens perdent leur emploi, ils ont probablement une marge de manoeuvre moins importante qu'auparavant, a souligné Mme Bégin. Et le taux d'épargne est extrêmement faible au Québec...»

Le nombre de préavis a grimpé en moyenne de 4,8% entre août et décembre par rapport à la même période en 2010. Entre 687 et 789 préavis ont été déposés chaque mois depuis août dans les bureaux de publicité des droits du Québec, indiquent les données de GDL.

Courtiers optimistes

Malgré la hausse des préavis de reprise, les courtiers immobiliers interrogés hier par La Presse Affaires sont loin de craindre le pire.

«On a des gens qui ont besoin de vendre un peu plus rapidement, mais on a toujours eu ça, a fait valoir Renaud Thibault, propriétaire de l'agence

Re/Max des Mille-Îles à Terrebonne. On n'a aucun signe qui nous laisse croire qu'on va avoir une quantité incroyable de reprises, bien au contraire.»

Même son de cloche chez Via Capitale, qui a le mandat exclusif de vendre les propriétés saisies par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) au Québec. «Pour 2012, ça dépendra vraiment de l'activité économique, mais on s'attend à ce que ça demeure à peu près stable», a indiqué Nicolas Ayotte, président de l'agence.

Pour l'ensemble de 2011, les délaissements - la remise des clés au créancier hypothécaire - ont baissé presque partout au Québec. Seule la région Bas-Saint-Laurent-Gaspésie-Les îles a enregistré un bond marqué de 49%, avec 104 résidences saisies.

À Montréal et sur la Rive-Sud, le nombre de délaissements a baissé de 34% l'an dernier, comparativement à 21% à Laval et dans les Laurentides. L'Abitibi-Témiscamingue a affiché un recul marqué de 53%, tandis que le nombre de propriétés saisies a fléchi de 8% à Québec et dans Charlevoix.

Le nombre total de délaissements s'est élevé à 2412 dans la province en 2011, comparativement à 2920 l'année précédente et à 3127 en 2009, indique GDL Crédit.