Le visage souriant des courtiers immobiliers sur leurs pancartes «à vendre» ne sera bientôt plus figé dans le temps. Dès le 1er novembre, ils seront tenus par la loi de changer leur photo promotionnelle au maximum tous les cinq ans pour refléter leur apparence réelle.

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Il s'agit d'un des nombreux changements imposés par l'Organisme d'autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ) depuis l'adoption de nouvelles règles sur le métier. La Loi sur le courtage est entrée en vigueur en mai 2010, mais les courtiers ont bénéficié d'une période transitoire de 18 mois - jusqu'au 1er novembre prochain - pour rendre leurs publicités conformes.

Pourquoi imposer un délai maximal de cinq ans pour le renouvellement des photos? Robert Nadeau, président de l'OACIQ, n'a pu répondre aux questions de La Presse Affaires hier. Une relationniste a cependant expliqué que cette mesure visait à protéger les clients, pour s'assurer qu'ils puissent bien reconnaître les courtiers avec qui ils font affaire.

Selon cette porte-parole, des cas se sont produits par le passé où les consommateurs étaient incapables d'identifier leur courtier, puisque leur photo promotionnelle datait de plus de 20 ans. Elle ajoute qu'aucune règle ne forcera les vendeurs de maisons à utiliser une photo sur leurs pancartes, même si la pratique est courante dans l'industrie.

Des insatisfaits

Le renouvellement des photos aux cinq ans constitue seulement l'une des nouvelles pratiques publicitaires dans l'immobilier. Les courtiers - qui s'appelaient «agents» avant l'entrée en vigueur de la nouvelle loi - devront aussi mettre à jour tous leurs documents publics, notamment leurs sites web et cartes professionnelles.

Certains sont loin d'apprécier les changements imposés. «Vous vous foutez complètement du fait que les courtiers (anciens agents) doivent payer encore et encore pour des enseignes et de la papeterie alors que les clients n'ont jamais fait la différence entre un agent et un courtier depuis que j'ai commencé en immobilier en 1989», a lancé Claude Leclair, directeur de l'agence immobilière la Maison du consommateur à Rosemère, dans une lettre envoyée au président de l'OACIQ.

M. Leclair, qui se dit «frustré», dénonce les coûts élevés des nouvelles mesures. «Ça ne fait pas très écologique de devoir sacrifier près de 5000$ en formulaires obligatoires de papeterie en plus des 2000$ d'enseignes, et ça, seulement pour ma petite agence», a-t-il dénoncé dans la lettre aussi envoyée à La Presse Affaires.

Parmi les autres changements, les courtiers hypothécaires devront faire preuve de plus d'exactitude dans leurs publicités. Par exemple, les annonces où un taux promotionnel est offert devront explicitement indiquer les conditions requises pour l'obtention d'un tel prêt.

Par ailleurs, la nouvelle réglementation ne touche pas la qualité des inscriptions immobilières (aussi appelées «fiches MLS»), qui présentent des photos et les caractéristiques des propriétés à vendre aux acheteurs potentiels.

Même si elles doivent obligatoirement contenir des informations véridiques, ces inscriptions sont parfois bourrées de fautes de français et présentent des photos floues ou mal cadrées. Des courtiers omettent aussi d'y inscrire une description minimale de la propriété à vendre, et même la superficie en pieds carrés.

La porte-parole de l'OACIQ confirme que ces éléments ne sont pas visés par la nouvelle loi. Elle ajoute toutefois que l'organisme répond aux plaintes des consommateurs à cet égard lorsqu'il en reçoit.

«Professionnalisation»

La Loi sur le courtage entrée en vigueur en mai 2010 visait avant tout à professionnaliser davantage le métier de courtier immobilier. Le degré de difficulté des examens permettant d'obtenir une licence a été rehaussé, tout comme le niveau de responsabilité des courtiers dans le cas où une transaction tourne mal.

Michel Beauséjour, ancien chef de la direction de la Fédération des chambres immobilières du Québec, avait dit en entrevue à La Presse Affaires que cette nouvelle loi entrainerait la fin des peddlers, soit des gens qui pratiquaient le métier en dilettante. Ses commentaires avaient été mal reçus, au point où il a dû démissionner quelques mois plus tard sous la pression de la communauté immobilière montréalaise.

La nouvelle loi a aussi renforcé le rôle de l'OACIQ, qui agit comme tribunal administratif et applique des sanctions disciplinaires aux courtiers qui commettent des fautes professionnelles.