Le déménagement prochain du siège social d'AbitibiBowater dans la Cité du multimédia risque de créer un effet d'entraînement chez d'autres entreprises non technologiques.

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Selon Jean Laurin, président et chef de la direction de la firme immobilière Newmark Knight Frank Devencore, «plusieurs» sociétés examinent ces jours-ci la possibilité d'emménager dans la Cité. Le taux d'inoccupation des immeubles du quartier s'établissait à 36,6% à la fin de 2010, ce qui donne un bon pouvoir de négociation aux firmes intéressées à s'y installer.

«Le message que (le déménagement d'Abitibi) envoie, c'est que même des entreprises de type plus corporatif peuvent être intéressées à déménager dans des secteurs qui auparavant étaient un peu plus technologiques», a fait valoir M. Laurin.

Aussi, même si les immeubles comme le 111, rue Duke - où Abitibi déménagera ses pénates l'automne prochain - sont moins prestigieux que les tours de catégorie A du centre-ville, ils ont quand même leurs avantages. «Ce que les gens ne réalisent pas, c'est que, quand on est dans ces locaux-là, ce sont des locaux extrêmement clairs, avec beaucoup de fenestration, beaucoup de planchers, et dans un environnement qui est quand même intéressant», avance le président de Devencore.

Nouveau paysage locatif

Le marché de la location de bureaux a changé considérablement au cours de la dernière année à Montréal, révèle une étude de Devencore publiée ce matin, que La Presse Affaires a obtenue. Certains secteurs auparavant très recherchés ont perdu la faveur des locataires, tandis que d'autres ont vécu une véritable renaissance.

La Cité du multimédia, par exemple, a vu son taux d'inoccupation bondir de 7,5% au milieu de 2010 à 36,6% en fin d'année, après le départ de deux importants locataires, rapporte le document. La fin des crédits d'impôt gouvernementaux est à blâmer pour ces déménagements.

L'avenue McGill College, en plein centre-ville, a pour sa part vécu un boom. L'arrivée de trois gros occupants - Astral, Desjardins et RSM Richter Chamberland - a fait baisser le taux d'inoccupation de 19,3% au milieu de 2010 à 9,6% en fin d'année, rapporte Devencore. Le taux est encore plus bas dans le Quartier international, aux environs de 4%.

Dans l'ensemble du centre-ville de Montréal, le taux d'inoccupation combiné des immeubles de catégorie A et B est tombé à 7,7% et celui des immeubles de catégorie A, à 6,8%, souligne l'étude.

Rareté des bureaux

Est-ce à dire que les loyers vont bientôt augmenter de façon considérable? Pas avant quelques mois, croit Jean Laurin.

Mais la rareté des bureaux ne tardera pas à bientôt favoriser les propriétaires, ajoute-t-il. «Des très gros blocs de locaux, de plus de 50 000 pieds carrés, il n'y en a pas plus de cinq dans des édifices de qualité, de catégorie A.»

Comme plusieurs autres acteurs de l'industrie montréalaise, le président de Devencore s'attend à ce qu'un projet de tour de bureaux démarre bientôt. «Ce que j'entends, c'est que, d'ici un mois ou deux, il pourrait y avoir une nouvelle tour d'annoncée, autour du square Victoria.»

Trois projets sont proposés autour du square, dans le Quartier international.

La tour Altoria de Kevric, haute de 35 étages, devrait compter 152 condos et des bureaux. Magil Laurentienne propose aussi un projet mixte dans le secteur, tandis que Westcliff envisage de construire une phase 2 à sa Cité internationale (qui loge le siège social de l'Organisation de l'aviation civile internationale).

Ces trois projets s'ajoutent à plusieurs autres propositions, dont celle de Cadillac Fairview au Centre Bell et de Canderel au square Phillips. Mais le grand problème des promoteurs reste de trouver un locataire de taille.

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Catégorie A, B ou C

Les cotes accolées aux immeubles de bureaux - AAA, AB ou C - rappellent à certains égards le classement des viandes. Cette classification, largement utilisée dans l'industrie de l'immobilier commercial, est subjective et constitue un «point de repère» pour les locataires, indique Sylvie Bachand, porte-parole de Devencore. Selon la firme, Montréal compte quatre immeubles de catégorie AAA: le 1000, De La Gauchetière, la tour IBM Marathon, la tour Scotia et le 1501, McGill College. Ces immeubles exceptionnels se démarquent par leur emplacement, la qualité de leur construction et de leurs équipements mécaniques, la beauté de leur hall et le prestige de leurs locataires. La Place Ville-Marie, très réputée, entre dans la catégorie Aen raison de son âge relativement avancé. Les immeubles de catégorie B et C sont pour leur part soit moins bien situés, soit plus vieux ou moins rénovés, indique Devencore.