Le Fonds monétaire international a prié mercredi les États-Unis d'entreprendre enfin, quatre ans après l'éclatement de la crise des «subprimes», la réforme d'un marché immobilier qu'il a désigné comme le modèle à ne pas suivre.

«Le système de financement de l'immobilier des États-Unis est original à de nombreux égards. Une refondation d'aspects importants de ce système est nécessaire», a affirmé l'institution dans un chapitre de son «Rapport sur la stabilité financière dans le monde» semestriel.

Ce chapitre établit une comparaison entre les modèles de financement du logement dans 33 pays. Elle est peu flatteuse pour les États-Unis, qui subventionnent généreusement les acheteurs d'un logement, mais régulent mal les prêteurs, maintiennent des mécanismes de financement opaques, et ont un marché immobilier difficile d'accès aujourd'hui pour les ménages défavorisés.

Le prêt sur 30 ans y domine largement. Il est généralement fondu dans des titres financiers échangeables sur les marchés. Et l'État fédéral offre aux ménages de déduire de leurs impôts les intérêts des emprunts.

D'après un indice élaboré par les économistes du Fonds, les États-Unis sont parmi les pays qui interviennent le plus sur leur marché immobilier. Ils sont seulement devancés par le Brésil et quatre pays asiatiques traditionnellement interventionnistes dans l'économie (Singapour, Thaïlande, Inde et Indonésie).

Selon ces économistes, des «réformes auraient un effet positif important sur le système financier des États-Unis et soutiendraient la stabilité financière du monde. Elles contribueraient aussi à renforcer la solidité de l'État fédéral américain comme emprunteur».

Le FMI n'a été que partiellement convaincu par le projet de réforme présenté en février par le gouvernement. «Même si une refondation du système de financement du logement prendra des années, les autorités américaines doivent dès maintenant accroître leurs efforts pour concevoir et mettre en oeuvre un plan d'action adéquat», a-t-il estimé.

Le Fonds soutient le démantèlement progressif des deux géants du refinancement des prêts hypothécaires, Fannie Mae et Freddie Mac. Mais il déplore l'unanimité de la classe politique en faveur de la déductibilité fiscale des intérêts d'emprunts immobiliers.

Cette disposition du code des impôts «est coûteuse: à 104,5 milliards de dollars pour l'exercice budgétaire 2011, c'est la deuxième niche fiscale la plus importante». Or «elle ne semble pas avoir eu de répercussion sensible sur le taux de propriété», a précisé le FMI.

Le directeur adjoint du département des marchés monétaires et de capitaux, Jan Brockmeijer, a souligné les réticences des élus à toucher à ces questions.

«Ce n'est pas surprenant qu'elles n'aient pas été traitées de manière adéquate, parce qu'elles sont très complexes, politiquement complexes en ce qui concerne le marché immobilier», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Washington.

Le FMI a conseillé d'imiter les «meilleures pratiques» en place ailleurs: une régulation stricte des prêteurs immobiliers et une intervention publique plus transparente et plus orientée vers les ménages défavorisés.

«Plus l'État est présent dans le système de financement de l'immobilier, plus les prix du logement gonflent, et plus ils chutent profondément», a indiqué un des auteurs du rapport du FMI, Laura Kodres.