Les risques de surchauffe du marché immobilier canadien soulèvent des inquiétudes depuis plusieurs trimestres, mais, selon l'économiste-vedette Nouriel Roubini, le resserrement des conditions d'emprunt imposé par Ottawa a permis d'éviter le pire.

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«À ce jour, il semble que ce ne soit pas un problème au Canada: la Banque du Canada s'est assurée que le marché survolté n'atteigne pas des excès», a déclaré hier le professeur d'économie à la NYU Stern School of Business pendant un point de presse en marge du MIPIM, à Cannes.

Ottawa donnera la semaine prochaine son troisième tour de vis depuis 2008 dans le financement des maisons. La durée maximale des prêts assurés par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) passera de 35 à 30 ans, et les propriétaires pourront seulement refinancer 85% de la valeur marchande de leur résidence, comparativement à 90% aujourd'hui.

Nouriel Roubini, qui est devenu célèbre en prédisant la crise immobilière américaine avant tout le monde en 2005, estime par ailleurs que l'économie canadienne est aujourd'hui en bonne posture dans le contexte d'une reprise mondiale à deux vitesses.

«Je suis confiant quant à l'économie canadienne, car les économies les plus fortes des pays développés sont aujourd'hui dans les pays axés sur les ressources et les produits de base: le Canada, l'Australie, la Norvège», a-t-il avancé.

Menace du Moyen-Orient

L'économiste dresse un portrait contrasté de l'économie mondiale en ce début du deuxième trimestre de 2011. Il la décrit comme «un verre à la fois à moitié vide et à moitié plein».

D'une part, plusieurs indicateurs pointent vers une accélération de la croissance dans les pays développés, note-t-il. Le bilan des grandes entreprises est aussi dans une forme superbe, après la réduction immense des coûts de fonctionnement et de l'endettement réalisés pendant la crise économique.

La dette croissante des gouvernements et la santé fragile de plusieurs pays européens - Irlande, Espagne, Portugal, Grèce et Italie - posent néanmoins des risques dans la zone euro, nuance M. Roubini. Et la menace d'une flambée continue des prix du pétrole pourrait sérieusement entraver la reprise mondiale.

«Si le pétrole atteint 140$US ou 150$US le baril et que les problèmes s'amplifient au Moyen-Orient, le risque d'une deuxième récession devient bien réel», a-t-il averti.

L'économiste estime en outre que la baisse de la valeur des propriétés aux États-Unis - qui dépasse déjà 30% - est loin d'être finie. «Beaucoup de ménages sont en situation d'équité négative et continueront de perdre leur maison», a-t-il prédit.