Société distincte ou pas, le Québec et sa métropole se sont démarqués de l'ensemble canadien pour le nombre et la valeur des permis de bâtir délivrés en janvier.

Dans le secteur résidentiel en particulier, les six grandes régions métropolitaines de recensement québécoises ont délivré des permis pour 6073 unités de logement ce qui équivaut au tiers des unités canadiennes (18 057).

Il s'agit d'une hausse de 46% par rapport à décembre alors que le chiffre canadien révèle une modeste appréciation de 2% seulement, selon Statistique Canada.

«Les mises en chantier devraient connaître un début d'année décent après trois trimestres de recul d'affilée», présume Krishen Rangasamy, économiste chez CIBC qui se réjouissait de la modeste progression canadienne.

Les permis de bâtir se transforment en mises en chantier dans un délai d'un à trois mois. Les données sur les coulées de fondation pour février seront publiées par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) ce matin.

Plusieurs économistes s'attendent à une activité plus forte en début d'année car les ménages devancent leurs achats avant l'entrée en vigueur de nouvelles normes plus restrictives de garanties de prêts par la SCHL, le 18 mars.

«Plusieurs variables du marché canadien de l'habitation ont atteint leur sommet du présent cycle, fait remarquer cependant Gorica Djeric, économiste chez Scotia Capitaux. Elles vont ralentir.»

La valeur des permis délivrés par les agglomérations de Saguenay, Québec, Sherbrooke, Trois-Rivières, Montréal et Gatineau s'élève à 1,06 milliard. Il s'agit d'un bond de 41,5%, alors que la valeur canadienne a reculé de 0,9%. Il faut préciser qu'elle avait bondi en décembre à la faveur de quelques gros ensembles de condos dans la Ville reine.

Sur une base annuelle, l'augmentation est plus modeste, mais à hauteur de 6,9%, elle demeure nettement mieux que le repli moyen de 5,3% enregistré d'un océan à l'autre.

Au Québec, la progression de la valeur des permis s'observe tant dans les segments unifamilial (28% à hauteur de 531,2 millions) que multiple (58,2% à 528,7 millions).

L'agence fédérale a précisé à La Presse que la valeur d'une dizaine de futurs chantiers dépassait la barre des 50 millions, dont plusieurs dans la région montréalaise.

Avec 574,6 millions, les permis résidentiels de la métropole ont bondi de 70,6%.

Fait intéressant, les permis d'unifamiliales dépassent la barre des 200 millions pour la première fois en un an. Les logements multiples ne sont pas en reste avec un bond de 119% à hauteur de 373,8 millions.

Dans le volet non résidentiel, le Québec et sa métropole se distinguent aussi par des augmentations appréciables de 7,5%, contre un plongeon de 13,3% dans l'ensemble canadien. Sur une base annuelle, l'écart Québec-Canada dépasse les 30 points de pourcentage à l'avantage du premier.

Le volet commercial est seul responsable de ce gain, car l'industriel et l'institutionnel se sont repliés.

Dans la région métropolitaine, les trois segments étaient en nette augmentation. À hauteur de 32,9 millions, la valeur des permis industriels était nettement plus élevée que la moyenne mensuelle de 21,8 millions enregistrée l'an dernier.

Le bond de 75% de la valeur des permis commerciaux (99,5 millions) aura permis de rattraper la moyenne de 2010 mais le redressement des permis institutionnels à 24,7 millions reste encore bien en deçà de la moyenne de 55,2 millions.

Le marché du bâtiment résidentiel évolue en fonctions de plusieurs variables, comme le revenu personnel disponible, la croissance démographique ou le taux de chômage.

Selon une recherche de Sal Guatieri, économiste chez BMO Marchés des capitaux, près du quart des ménages québécois consacrent une plus grande part de leur revenu disponible que la moyenne historique aux coûts de leur maison. C'est beaucoup moins que la proportion de deux sur cinq en Saskatchewan, mais beaucoup plus que les 10% de l'Ontario.

«Les prix augmentent régulièrement à mesure que l'économie s'améliore, mais les prix élevés suggèrent qu'un ralentissement à venir de l'activité» au Québec, tant sur les marchés de la construction neuve que de la revente.

LE QUÉBEC ET MONTRÉAL À CONTRE-COURANT

Canada / QuébecMontréal

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Unités: 18 057 / 6073 / 3535

Variation mensuelle (%): 2 / 46 / 100

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Valeur des permis résidentiel: 3,7G / 1,37G / 574,6 M

Variation mensuelle (%): -0,9 / 41,5 / 70,6

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Non résidentielle: 1,66G / 305,5M / 157,1 M

Variation mensuelle: (%) -13,3 / 7,5 / 71,7

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