Même si la frénésie du printemps dernier s'est estompée, le marché immobilier du Grand Montréal demeurera à l'avantage des vendeurs dans la plupart des secteurs et des catégories d'habitations en 2011.

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Cela signifie qu'il y aura moins de huit maisons à vendre pour chaque acheteur dans l'île de Montréal, à Laval et sur la Rive-Sud, selon les prévisions publiées hier par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).

«On s'attend à ce que les ratios s'approchent de l'équilibre, mais ils vont rester encore à l'avantage des vendeurs», a expliqué à La Presse Affaires David L'Heureux, analyste principal de marché, en marge d'une conférence organisée par la SCHL.

D'après les ratios utilisés par l'industrie, le marché immobilier atteint l'équilibre lorsqu'il y a entre 8 et 10 propriétés à vendre pour chaque acheteur. En deçà de 8, la rareté favorise les vendeurs en poussant les prix à la hausse. À l'opposé, les acheteurs bénéficient d'un choix plus grand et d'un pouvoir de négociation accru à partir de 11.

Dans le segment de la maison unifamiliale, seules la couronne nord et Vaudreuil-Soulanges atteindront l'équilibre l'an prochain, avance la SCHL. Laval, la Rive-Sud et l'île de Montréal demeureront à l'avantage des vendeurs. «Pourquoi? Parce que l'offre augmente moins rapidement que sur la Rive-Nord», a souligné M. L'Heureux.

Les vendeurs de condominiums, pour leur part, continueront à avoir le gros bout du bâton dans l'île de Montréal et sur la Rive-Sud en 2011. Les marchés de Laval et de la couronne nord tendront vers l'équilibre.

Les prix des copropriétés ont poursuivi leur croissance soutenue au troisième trimestre de 2010, a souligné hier la SCHL. Ils se sont établis à 279 185$ dans l'île de Montréal (+10% sur un an), à 200 373$ à Laval (+9%), à 189 779$ sur la Rive-Sud (+7%) et à 161 818$ dans la couronne nord (+4%).

La valeur des maisons unifamiliales a elle aussi explosé, avec toutefois d'importants écarts selon les régions. Au troisième trimestre de cette année, le prix moyen a atteint 418 026$ dans l'île de Montréal (+10% sur un an), 279 521$ à Laval (+10%), 274 272$ sur la Rive-Sud (+7%) et 236 460$ dans la couronne nord (+6%), qui demeure le secteur le plus abordable.

Les hausses seront plus modérées l'an prochain, fait valoir la SCHL. Pour l'ensemble de la région métropolitaine, le prix moyen - toutes catégories d'habitations confondues - devrait grimper de 2,4%. Cela se compare à un gain attendu de 7% pour l'ensemble de cette année.

Le nombre de transactions devrait quant à lui presque stagner. La SCHL s'attend à 42 600 reventes dans le Grand Montréal en 2011, une hausse minime de 1,4%. L'organisme prévoir en outre 19 500 mises en chantier l'an prochain, une baisse de 8,9% par rapport à cette année.

Recul mensuel

Cette conférence annuelle de la SCHL avait lieu au moment même où la Banque Nationale publiait son indice composite de prix des maisons Teranet, hier. Selon l'indice, le prix moyen des propriétés a reculé de 1,1% au Canada en septembre par rapport au mois d'août.

Les prix ont baissé de 2,4% sur un mois à Halifax, de 2,2% à Calgary, de 1,6% à Toronto, 0,5% à Ottawa et de 0,3% à Montréal et Vancouver, d'après l'indice. Malgré ce repli mensuel, les prix dépassent de 5,5% leur sommet d'avant la récession à l'échelle nationale, a nuancé Marc Pinsonneault, économiste à la Banque Nationale.

Cela «tranche nettement avec la situation observée aux États-Unis, où les prix sont de 28% inférieurs à leur sommet antérieur atteint il y a quatre ans», a-t-il ajouté. Selon M. Pinsonneault, l'état satisfaisant du marché de la revente et le faible nombre de prêts en souffrance écartent la possibilité d'une importante correction des prix comme au sud de la frontière.

«Cela dit, l'endettement élevé des ménages canadiens et le taux record d'accession à la propriété pointent dorénavant vers une appréciation beaucoup plus lente des prix des maisons dans les prochaines années», a conclu l'économiste.