Les ventes de logements anciens aux États-Unis ont connu une progression fulgurante en septembre mais le marché immobilier reste moribond, selon des chiffres de l'Association nationale des agents immobiliers américains (NAR) publiés lundi.

Les reventes de logements ont progressé pour le deuxième mois de suite, de 10,0% par rapport à août, en données corrigées des variations saisonnières, indique la NAR, notant qu'il s'agit de leur «hausse mensuelle la plus forte en près de vingt-huit ans».

Selon l'Association, les reventes du mois passé correspondent à un rythme annuel de 4,53 millions de transactions, ce qui s'avère bien supérieur aux attentes des analystes, dont la prévision médiane était de 4,25 millions de reventes par an au rythme de septembre.

Malgré cela, l'indicateur de l'Association affiche une baisse de 19,1% par rapport à septembre 2009, et le prix médian des transactions a continué de baisser pour le troisième mois d'affilée en glissement mensuel (en données brutes).

À 171 700 dollars en septembre, ce prix médian affichait une baisse de 2,4% en glissement annuel.

Comme les autres indicateurs immobiliers, les ventes de logements anciens s'étaient effondrées après l'expiration, fin avril, d'un crédit d'impôt accordé aux acheteurs d'un logement. Elles avaient touché en juillet leur plus bas niveau depuis 1995.

«La reprise du marché du logement est en train de se mettre en place, mais elle apparaîtra parfois précaire en fonction de la durée et des conséquences d'un éventuel moratoire sur les saisies immobilières», écrit la NAR dans un communiqué.

L'Association fait là référence au scandale provoqué par la révélation d'irrégularités dans le traitement de milliers de procédures de saisies immobilières au sein de trois des plus grandes banques américaines (JPMorgan, Bank of America et Ally).

Conséquence de la crise et de la montée du chômage, les saisies immobilières ne cessent de progresser aux États-Unis. Elles ont atteint un record en septembre, selon la dernière enquête mensuelle du cabinet RealtyTrac.

Leur multiplication entrave la reprise du marché immobilier en inondant le côté de l'offre avec des logements à bas prix. Selon la NAR, les reventes d'habitations saisies ont représentés 35% des ventes de logements anciens en septembre, soit 6 points de plus qu'un an plus tôt.

Le scandale des procédures de saisies irrégulières fait craindre au gouvernement que la reprise des prix du logement soit retardée par un allongement de la durée de traitement des dossiers litigieux.

La NAR exprime les mêmes craintes mais table néanmoins «sur un cycle de hausse progressive des ventes de logements»: selon elle, les acheteurs potentiels devraient profiter de taux d'emprunts «historiquement bas» et d'«une offre très favorable».

Pour l'économiste Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors, la progression fulgurante des reventes de septembre s'explique «uniquement par le fait qu'il est facile de créer de fortes hausses» quand on part de très bas. Le marché du logement «reste en plein désarroi», note-t-il.

Son collègue Ian Shepherdson, du cabinet HFE, prédit que «la peur de voir les prix baisser continuera de peser fortement encore un certain temps». Pour lui, la hausse de septembre ne marque pas «le début d'une reprise durable» du marché.