Les prix de l'immobilier devraient «s'aplatir» l'an prochain au Québec après la frénésie observée depuis le milieu de 2009.

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C'est l'une des conclusions de la RBC, qui fait état d'un marché de la revente en forte perte de vitesse dans une étude publiée hier. «Au Québec, on s'attend vraiment à un aplatissement des prix, qui devraient croître de 1% ou 2% sur une base annuelle l'année prochaine, a indiqué à La Presse Affaires Robert Hogue, économiste principal. On parle d'un marché qui se calme.»

Les acheteurs sont moins nombreux depuis le printemps, mais le nombre de maisons à vendre a lui aussi diminué, souligne la RBC. Combinés, ces deux ingrédients ont contribué à soutenir les prix.

Le nombre d'inscriptions en vigueur a reculé de 8% depuis le début de l'année au Québec, selon les chiffres de la Fédération des chambres immobilières. Pendant cette période, le prix médian des maisons unifamiliales et des condos a grimpé de 8% (à 209 000$ et 194 000$), et celui des plex, de 12% (à 313 000$).

Jeunes ménages

Ces hausses salées ont contribué à un recul marqué de l'accessibilité au Québec, note la RBC dans son étude trimestrielle. Le coût de propriété est ainsi supérieur aux moyennes à long terme «et se situe encore plus près des sommets atteints avant la période de ralentissement économique», a souligné Robert Hogue.

Dans son enquête, la RBC utilise un indice qui mesure la portion de salaire brut médian nécessaire à la possession d'un bungalow (hypothèque, taxes et services publics compris). Cet indice a grimpé de 1,3% au Québec au deuxième trimestre, à 36,5%.

La mesure s'est élevée à 42,9% à l'échelle nationale (+1,9%) pendant le trimestre. Dans les grandes villes, l'indice a atteint 74% à Vancouver (+1,7%), 50,2% à Toronto (+2,4%), 43,2% à Montréal (+1,8%) et 39,2% à Calgary (+0,9%).

Le prix moyen d'une propriété s'est établi à 325 000$ au Canada le mois dernier. Est-on pour autant en train d'assister à une bulle immobilière? Robert Hogue, contrairement à plusieurs de ses collègues, estime que non.

«La hausse des prix au cours de la dernière année est un reflet des taux d'intérêt, qui sont les plus bas qu'on va voir sans doute dans notre vie, a-t-il fait valoir. C'est une réaction tout à fait normale des marché, ce n'est pas une réaction irrationnelle qui correspond à une bulle, quand les gens perdent la tête.»

Si un marché devait «s'apparenter» à une bulle, ce serait celui de Vancouver, de loin le plus cher au pays, avance M. Hogue.

Quant à Montréal, la RBC note un «début de problème d'inaccessiblité», à la suite de la hausse des prix constantes des dernières années. Le prix médian d'une maison unifamiliale a atteint 254 000$ le mois dernier dans la région métropolitaine (+7% sur un an), tandis que celui des condos s'est élevé à 215 000$ ("9%). Les plex ont quant à eux grimpé de 14%, à 395 000$.

Échelle canadienne

À l'échelle du pays, le nombre de transactions a progressé de 2,2% depuis le début de l'année, mais l'Association canadienne de l'immeuble (ACI) s'attend à une baisse au cours des prochains mois.

«La remontée des taux d'intérêt et un ralentissement prévu de la croissance de l'emploi signifient que le marché canadien de l'habitation devrait continuer à ralentir», a indiqué George Pahud, président de l'ACI, dans une déclaration récente.

Le ralentissement actuel du nombre de transactions découle en bonne partie de la frénésie qui a marqué la fin de 2009 et le début de cette année, a ajouté M. Pahud. Nombre d'acheteurs qui avaient reporté leur décision d'acheter pendant la crise boursière se sont alors précipités sur le marché, attirés par les taux d'intérêt historiquement bas.

Le marché revient ces jours-ci à un rythme plus normal, a-t-il souligné.