Le marché du logement américain semble être sorti du trou d'air provoqué par l'expiration d'un crédit d'impôt immobilier en avril, mais il est encore moribond et son rétablissement s'annonce très long.

Trois indicateurs viennent de témoigner que la chute des ventes et de la construction de logements observée depuis le mois de mai avait été enrayée, voire stabilisée.

Selon des chiffres publiés vendredi par le département du Commerce, les ventes de maisons individuelles neuves sont restées stables en août, proches de leur niveau le plus bas en près de cinquante ans, touché en mai.

La veille, l'Association nationale des agents immobiliers américaine (NAR) avait indiqué que les ventes de logements anciens étaient remontées après trois mois de baisse consécutifs qui les avaient fait tomber en juillet à leur plus bas niveau depuis 1995.

Publiés mardi par le Ministère, les indicateurs de la construction de logements (mises en chantier et délivrances de permis) étaient apparus également en hausse.

Tous ces indicateurs restent cependant extrêmement faibles, tout près de leur point bas récent.

Le marché du logement a été à l'origine de la crise financière et de la récession de 2007-2009. Le crédit d'impôt accordé par l'État aux ménages achetant un logement avait permis d'enrayer en 2009 la chute des prix immobiliers entamée en début 2005.

Le rétablissement du marché du logement et la vitalité de la reprise économique sont intimement liés: dans un pays qui compte environ deux tiers de propriétaires, la valeur du patrimoine immobilier a un effet direct sur la propension des ménages à consommer. Et la consommation est en temps normal le moteur de la croissance américaine.

Les taux d'emprunts immobiliers ont beau être tombés à leur plus bas niveau en près de quarante ans (à 4,43% en août en moyenne pour un emprunt à taux fixe sur trente ans, selon l'organisme de refinancement hypothécaire Freddie Mac), les Américains en profitent surtout pour renégocier leurs crédits en cours, comme le montre une enquête publiée vendredi par une branche du Trésor.

La demande «reste faible», note Patrick Newport, économiste du cabinet IHS Global Insight. Et du côté de l'offre, l'arrivée massive de logements saisis par des créanciers continue d'alimenter des ventes à prix bradés.

Provoquées par la crise, qui a multiplié les défauts de paiement sur les emprunts immobiliers, les saisies ont augmenté de plus de 50% sur un an au deuxième trimestre, indique l'étude du Trésor. Et le pic n'est pas encore en vue, selon le cabinet spécialisé RealtyTrack.

Pour John Lonski, économiste en chef de l'agence Moody's, les taux d'emprunts devraient tomber bientôt sous la barre de 4%, du fait du manque de dynamisme de l'économie.

Cette faiblesse des taux combinée à une amélioration de l'emploi devrait favoriser la reprise du marché.

Le facteur démographique devrait aussi aider. La crise a entraîné une forte baisse du nombre des jeunes ménages aux États-Unis. Avec la reprise, les jeunes vont recommencer à se mettre en couple, indique M. Newport, «et la demande de logements va augmenter».

Mais pour Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors, il faudra attendre «un an ou deux» avant de voir les ventes de logements anciens remonter à un niveau «convenable», et pour les maisons neuves, le délai pourrait être de «cinq ans».