La Banque centrale européenne (BCE) a laissé jeudi son principal taux directeur à son plus bas niveau historique, une décision largement attendue sur fonds d'inquiétude pour la santé des banques et de l'économie en zone euro.

Le principal taux, baromètre du crédit, reste donc à 1%, son niveau depuis mai 2009.

Son président Jean-Claude Trichet doit détailler la décision du conseil des gouverneurs au cours d'une conférence de presse à partir de 7h30 ce matin.

Un changement de cap n'est pas attendu avant 2011. Actuellement, la faiblesse de l'inflation et la fragilité de la reprise économique plaident en faveur d'un long statu quo.

D'autant plus que l'avenir s'annonce incertain et que les craintes d'une nouvelle récession sont revenues en force ses dernières semaines. La demande mondiale est appelée à se tasser dans les mois à venir et va freiner les exportations notamment de l'Allemagne, première puissance économique européenne.

Surtout, les turbulences financières accrues depuis l'éclatement de la crise de la dette font peser un risque sur la relance.

Le Fonds monétaire international a relevé jeudi sa prévision de croissance mondiale 2010 après un bon premier semestre, mais l'a laissé inchangé pour la zone euro (avec 1%) et abondamment souligné les menaces liées à la débâcle budgétaire de la Grèce, ou plus généralement des pays dits «périphériques» (Espagne, Portugal, Irlande) et son effet de contagion sur le reste de la zone euro.

«L'offre de crédit bancaire pourrait être entravée par la hausse de l'incertitude quant à l'exposition du secteur financier aux risques en matière de dette publique, et par une hausse des coûts de financement, notamment en Europe», a mis en garde le Fonds.

Les tests de résistance en cours en Europe, qui concernent 91 banques, visent précisément à bannir ce risque et les marchés vont suivre de près les déclarations de Jean-Claude Trichet à ce sujet lors de la conférence de presse.

La publication de ces tests, censés rendre compte de la capacité de résistance des banques à des conditions économiques et financières extrêmes, est prévue le 23 juillet. Ils pourraient aider à apaiser les tensions sur le marché interbancaire -où les banques rechignent actuellement à se prêter entre elles- mais leurs scénarii se doivent d'être crédibles. «Faute de quoi cela sera contre-productif et augmentera encore la pression sur les banques», estime Cédric Thellier, économiste chez Natixis.

Le Comité européen des superviseurs bancaires (CEBS) a dévoilé quelques détails dans la nuit de mercredi à jeudi, annonçant notamment la prise en compte dans les tests de «choc souverain», mouvement de défiance vis-à-vis de certains États de l'UE, «à l'instar de la situation observée début mai 2010».

Il n'est pas fait mention de la prise en compte d'une hypothèse de défaut de paiement d'un État, ce que le marché avait déjà anticipé.

Le succès des tests est crucial pour la BCE qui cherche à réduire la dépendance des banques envers elle, en allégeant progressivement la palette de ses mesures exceptionnelles. Mais les turbulences sur les marchés monétaire et obligataire ont jusqu'ici contrarié ses projets.