Le chef de la direction de la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ), Michel Beauséjour, quitte son poste dans la controverse après que des milliers de courtiers eurent exigé sa démission.

Le coeur du problème remonte au 1er mai dernier, quand M. Beausjéour a accordé une longue entrevue à La Presse Affaires. Dans cet article, qui coïncidait avec l'entrée en vigueur de la nouvelle Loi québécoise sur le courtage immobilier, il a notamment déclaré que l'époque des peddlers était finie dans la vente de maisons.

Ces déclarations ont piqué au vif de nombreux agents, qui se sont sentis attaqués par leur propre leader. M. Beauséjour a dû répondre à plusieurs de ses membres en colère en mai pendant l'assemblée annuelle de la Chambre immobilière du Grand Montréal (CIGM), dont il est aussi chef de la direction. Il quittera d'ailleurs aussi ce poste.

Un groupe Facebook demandant la démission du dirigeant a été mis sur pied peu après, et une lettre officielle lui a été acheminée par huissier. Environ 2200 membres de la FCIQ ont de plus signé une pétition électronique exigeant son départ.

Dans un communiqué diffusé mercredi, Michel Beauséjour a estimé «qu'un changement de leadership était pertinent pour accompagner l'industrie et les courtiers dans le grand virage qui les interpelle». Il estime avoir développé et mis en place tous les outils nécessaires pour assurer le succès de l'industrie dans cette période transitoire.

Le président de la FCIQ, Claude Charron, et le celui de la CIGM, Patrick Juanéda, ont tenu à souligner «l'apport exceptionnel» de M. Beauséjour pendant ses 11 ans de service.

En entrevue à La Presse Affaires, mercredi, M. Juanéda a insisté sur la feuille de route de son chef de la direction sortant. «M. Beauséjour a toujours appuyé l'industrie, il la défend extrêmement bien, il l'a à coeur.»

Forte transition

Le départ de Michel Beauséjour coïncide avec une période de forte transition pour les 15 000 courtiers immobiliers de la province. La nouvelle Loi québécoise sur le courtage, entrée en vigueur le 1er mai, encadre leur pratique de façon beaucoup plus sévère qu'auparavant.

La législation a aussi amené la transformation de l'Association des courtiers et agents immobiliers du Québec en un nouvel organisme, l'Organisme d'autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ), qui vise autant à représenter les agents qu'à recevoir les plaintes du public.

Au même moment, le modèle d'affaires des courtiers est contesté devant les tribunaux par le Bureau de la concurrence du Canada, qui juge leurs pratiques «anticoncurrentielles». Le Bureau souhaite voir émerger des modèles allégés, qui permettraient aux consommateurs de faire une partie du travail en échange d'une commission moindre. Dans toute cette transition, l'entrevue accordée par Michel Beauséjour le 1er mai dernier - qui traitait sur le fond de la professionnalisation accrue du rôle de courtier - a été reçue comme une gifle par bien des gens du milieu. «Je suis content qu'il démissionne, c'était nécessaire, mais ça ne finit pas là, a lancé Mario Rizzi, courtier chez l'Expert immobilier. On doit continuer à lutter avec les autres agents, car la CIGM ne nous représente pas. Elle a un autre agenda.»

Lorraine Turpin, courtière de Re/Max qui avait fortement dénoncé la hausse récente des frais d'adhésion à l'OACIQ, a elle aussi salué ce départ. «Il a tenu des propos irrespectueux envers les gens qui paient son salaire», a-t-elle tranché.

Michel Beauséjour est très présent depuis des années dans les médias montréalais, commentant tous les mois les statistiques les plus récentes sur le marché de l'habitation. Il restera en poste jusqu'à la nomination de son successeur.