Après avoir fonctionné à bon régime en juillet et août, les excavatrices se sont un peu refroidies en septembre au Québec.

Le nombre de mises en chantier résidentielles a chuté de 17,7% dans l'ensemble de la province par rapport au mois précédent, passant de 49 800 logements à 41 000 logements, sur une base annualisée.

«Nous nous attendions à une baisse de régime en septembre, car le rythme observé en juillet et en août était insoutenable dans les conditions actuelles», a déclaré Kevin Hugues, économiste à la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).

L'économiste Hélène Bégin, du Mouvement Desjardins, a également affirmé qu'une certaine accalmie était attendue après le «rebond surprenant de la période estivale».

«Le niveau atteint en juillet et en août avait permis de récupérer tout le terrain perdu depuis le début de la récession en novembre 2008, a-t-elle fait savoir. Cette remontée était trop rapide pour être soutenable. Dans ce contexte, un retour plus près des 40 000 logements en septembre n'a rien d'inquiétant.»

Pascal Gauthier, du Groupe financier TD, a d'ailleurs dit s'attendre à ce que la moyenne mensuelle des mises en chantier au Québec tourne autour de 41 000 logements en 2010.

«Nous ne prévoyons pas une véritable tendance à la hausse dans la construction résidentielle au Québec avant 2012», déclare-t-il.

Boom à Sherbrooke

La situation des mises en chantier varie cependant selon les régions et le type de logement. C'est ainsi que les mises en chantier ont augmenté de 3% à Montréal, de 10% à Québec et de, résultat impressionnant, 34% à Sherbrooke.

«La construction neuve n'a pas dérougi à Sherbrooke pendant la récession», a observé Mme Bégin.

Toutefois, les mises en chantiers ont chuté de 52% à Gatineau et de 74% à Saguenay.

À Montréal même, le segment locatif a connu une hausse des mises en chantier, alors que le segment de la copropriété a plutôt enregistré une diminution.

Au mois d'août, le Québec avait devancé toutes les autres provinces au chapitre des mises en chantier résidentielles. En septembre, l'Ontario a repris sa place avec une augmentation de 11% des mises en chantier, pour atteindre 50 500 logements.

«C'est rassurant, parce que c'est le marché résidentiel de l'Ontario qui avait été le plus durement frappé par le ralentissement économique, soutient Marco Lettieri, du Groupe financier Banque Nationale. Cette reprise des mises en chantier montre que la situation économique s'améliore dans cette région.»

Pour l'ensemble du Canada, les mises en chantier ont diminué de 4,6% en septembre par rapport au mois précédent.

Benoît Durocher, économiste du Mouvement Desjardins, croit qu'en dépit de cette légère diminution, la tendance est revenue à la hausse dans l'ensemble du pays.

«Il faut dire que plusieurs facteurs favorisent une recrudescence de la construction neuve, affirme-t-il. La confiance des ménages est en forte hausse, les taux d'intérêt sont relativement bas d'un point de vue historique et le regain des derniers mois au sein du marché de la maison existante a engendré une hausse des prix, rendant ainsi l'achat d'une nouvelle habitation plus concurrentiel.»