Le Québec a fait figure d'exception le mois dernier en enregistrant une hausse de ses mises en chantier, alors qu'elles ont diminué partout ailleurs au pays.

Selon les données publiées hier par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), le nombre de mise en chantier a baissé de 4,1% dans l'ensemble du Canada en juillet, et augmenté de 16,6% au Québec.Ce recul porte à 132 100 le nombre «désaisonnalisé annualisé» de mises en chantiers en juillet au Canada, lequel atteignait 137 800 en juin. Il s'agit de chiffres mensuels corrigés des variations saisonnières, et multipliés par 12, afin de refléter le rythme d'activité sur un an.

La SCHL continue toutefois à viser 141 900 mises en chantier cette année... ce qui signifie que le rythme de construction devra augmenter au cours des prochains mois pour atteindre cette cible. «On prévoit que la deuxième moitié de 2009 va être plus forte que la première», a dit Bob Dugan, économiste en chef au Centre d'analyse de marché de la SCHL, à La Presse Affaires.

M. Dugan attribue la baisse de juillet au segment des logements collectifs, «dont les volumes tendent à varier beaucoup».

Québec

Au Québec, la cadence élevée des grues et des marteaux-piqueurs a fait passer le niveau désaisonnalisé de construction de 32 600 en juin à 38 000 en juillet, dans les centres urbains de 10 000 habitants et plus.

«Il s'agit du niveau le plus élevé au pays, une performance remarquable qui témoigne à quel point la province est relativement épargnée par les récentes difficultés du marché immobilier», a commenté Benoît Durocher, économiste principal chez Desjardins.

Le nombre «réel» de mises en chantier a reculé de 8% dans la province par rapport à juillet 2008, pour atteindre 3080 le mois dernier. La donnée désaisonnalisée et annualisée en hausse de 16,6% est toutefois celle qui revêt le plus d'importance dans l'analyse du marché par les économistes.

À Montréal, quelque 1424 fondations ont été coulées le mois dernier, comparativement à 1737 en juillet 2008. Il s'est construit 40% moins de logements locatifs, 13% moins de copropriétés et 19% moins de maisons individuelles. Le secteur des maisons jumelées et en rangée a quant à lui bien tiré son épingle du jeu.

«Quoique toujours en baisse par rapport à l'an dernier, le recul enregistré en juillet n'assombrit pas le portrait actuel des mises en chantier dans la RMR de Montréal, a déclaré Stéphane Duguay, analyste de marché à la SCHL. Dans un contexte marqué par des conditions de financement favorables, conjugué à un repli relativement contenu de l'emploi, la demande d'habitations neuves demeure présente.»

Embellie en vue

Malgré leur déception par rapport aux mises en chantier de juillet, plusieurs économistes continuent d'entrevoir une embellie du marché de l'habitation neuve au cours des prochains mois.

Pour Robert Kavcic, de BMO Marché des Capitaux, le recul de juillet est probablement «un obstacle temporaire sur la voie de la guérison, surtout quand on considère la hausse des permis de bâtir et des reventes de maisons».

Millan Mulraine, économiste à la Banque TD, note pour sa part que la faiblesse des taux hypothécaires, combinée aux incitatifs gouvernementaux et à des prix relativement abordables, devrait aider à relancer le marché de la construction.

Dans l'ensemble du pays, le nombre annualisé désaisonnalisé de mises en chantier a reculé de 17% dans les Prairies, de 15% en Ontario, de 10% en Colombie-Britannique et de 1,4% dans la région atlantique.

Même si les mises en chantier atteignent les 141 900 prévues par la SCHL cette année, elles demeureront très en deçà du sommet de 233 400 enregistré en 2004. L'an dernier, 211 056 unités sont sorties de terre au Canada.

Mises en chantier: un essoufflement

janv.- juillet 2008 / janv.-juillet 2009 /Variation

Montréal 13 356 /10 045 /-25%

Québec 3376 /2709 / -20%

Sherbrooke 857 /884 /"3%

Gatineau 1420/1664 /"17%

Trois-Rivières 612 /568 /-7%

Saguenay 319/ 264 /-17%

Québec 23 770/ 18 917 /-20%

(villes de 10 000 habitants et plus)