Les acheteurs qui veulent habiter dans leur propre maison se faisant plus rare, la construction résidentielle ne se relèvera pas tout de suite.

Ce sont les prédictions faites par la Société canadienne d'hypothèque et de logement dans son rapport Perspectives du marché de l'habitation, publié jeudi.Cette société fédérale table sur la construction de 160 250 logements dans l'ensemble du Canada en 2009, une baisse de 24% comparativement aux chiffres de 2008. Une légère reprise permettra de mettre en chantier 163 350 logements habitables en 2010.

Au Québec, le recul sera de 15% à 40 700 mises en chantier cette année. L'an prochain, une diminution de 200 nouveaux logements sera enregistrée.

«Le marché du logement neuf accuse une baisse en raison d'un certain nombre de facteurs clés, explique Bob Dugan, économiste en chef à la SCHL. Le ralentissement économique entraînera une diminution de la demande de logements de type propriétaire-occupant cette année. Il y aura par conséquent une baisse du nombre de mises en chantier et des ventes de logements existants en 2009.»

«L'activité sur le marché de l'habitation commencera à reprendre du mieux à mesure que l'économie canadienne se redressera en 2010, poursuit M. Dugan. Durant la période de prévision, le rythme des mises en chantier cadrera davantage avec la conjoncture démographique.»

Du côté de la revente, la SCHL prévoit une baisse de 14,6% à 370 500 transactions au Canada en 2009. Pour 2010, elle s'attend à une progression de 9,3% à 405 000 ventes.

Enfin, le prix moyen sur le marché de la revente régresserait de 5,2% cette année pour atteindre 287 900 $ et resterait stable pour l'année suivante.

Pas d'issue à court terme

Dawn Desjardins, économiste en chef adjoint de RBC Groupe financier, croit lui aussi que l'on ne voit pas encore la lumière au bout du tunnel.

«La confiance des consommateurs est à son niveau le plus bas et après une période de croissance robuste de l'emploi, le marché du travail se détend avec la perte record de 129 000 emplois en janvier seulement, dit M. Desjardins. De plus, l'allégement agressif de la politique monétaire par la Banque du Canada ne s'est pas traduit en taux hypothécaires plus bas alors que le coût d'emprunt met de la pression sur le marché.»

De plus, ceux qui se paient normalement des maisons ne sont pas en mesure de lorgner une autre propriété, ajoute l'économiste. «Le ratio de dette comparativement aux actifs de 18,8% au troisième trimestre 2008 se trouvait au-delà du sommet de 18,4% de la dernière récession. Proportionnellement avec leur revenu disponible, les Canadiens traînent leur plus lourde dette depuis 1990.»

Par contre, Dawn Desjardins remarque que les indicateurs du crédit s'améliorent sur les marchés internatinaux et que la Banque du Canada fait sa part avec un taux directeur de 1%.

Il maintient toutefois son scénario de ralentissement en immobilier. «Le rythme plus faible des ventes et les prix qui diminuent ne font qu'ajouter à l'anxiété des Canadiens à propos de l'économie.»

La perte de confiance n'a donc pas fini de limiter les coups de marteau.