General Electric, qui rencontre d'importantes difficultés, a annoncé lundi la nomination surprise d'un nouveau PDG, pour tenter de redresser le mastodonte américain, qui souffre d'une division énergie en pleine tourmente.

Lawrence Culp, 55 ans, remplace John Flannery, poussé vers la sortie, et le conseil d'administration espère que le nouveau PDG arrivera à accomplir pour le groupe industriel General Electric ce qu'il a réussi à faire à son poste de PDG de Danaher entre 2000 et 2014.

Il a transformé une entreprise essentiellement industrielle en «une société leader en science et technologie», souligne le communiqué de GE, dont il était membre du conseil d'administration depuis avril 2018.

Pour faire bonne mesure, le groupe a révisé à la baisse sa prévision de bénéfice par action pour 2018, à cause des déboires de sa division énergie, longtemps le fleuron du groupe, qui doit ses origines à Thomas Edison, l'inventeur de l'ampoule à incandescence.

À cause de la division Énergie, qui affiche des performances encore plus mauvaises que prévu, GE a aussi annoncé qu'il devrait inscrire une charge exceptionnelle qui pourrait atteindre 23 milliards de dollars, selon un communiqué.

L'entreprise donnera des détails lors de la publication de ses résultats du 3e trimestre le 25 octobre.

«GE reste une entreprise fondamentalement solide avec d'excellentes activités et énormément de talent», a déclaré le nouveau PDG. Le marché veut le croire. L'action GE bondissait de 15% lors des transactions électroniques avant l'ouverture officielle de Wall Street à 9h30.

GE a au total perdu environ un tiers de sa valeur à Wall Street depuis le début de l'année, plus de 60% depuis début 2017.

Le conseil d'administration a également nommé Thomas Horton, ancien PDG de la première compagnie aérienne américaine American Airlines, directeur principal.

«Larry Culp a fait ses preuves en matière de transformation d'une entreprise et de création de valeur pour les actionnaires. C'est un leader fort avec une connaissance profonde de l'industrie et de la technologie et une capacité de concentration intense sur la réalisation d'objectifs, l'organisation et la formation de talents», écrit M. Horton.

Perte d'énergie

La rentabilité du groupe américain reste minée par les difficultés persistantes de sa division énergie qui comprend une grande partie de l'ancien fleuron français Alstom racheté au plus fort en 2014.

La division ne parvient pas à se remettre de la chute des prix de l'électricité de gros et de l'effondrement des commandes de turbines qu'elle n'a pas su anticiper.

Son chiffre d'affaires a chuté de 19% et le bénéfice de 58% au 2e trimestre.

Les défis se sont accentués mi-septembre quand le groupe a confirmé des problèmes d'oxydation sur des pales de la nouvelle série H de turbines à gaz.

GE a énormément investi dans cette nouvelle génération de turbines, plus efficaces, qui doivent lui permettre de faire face à la concurrence, en particulier de l'entreprise allemande Siemens.

Au 2e trimestre, GE avait dû publier une chute de son bénéfice de près de 30% pour un chiffre d'affaires de 30,1 milliards de dollars, en hausse de seulement 3,5%.

Fin juin, John Flannery avait lancé un plan de restructuration pour se concentrer sur l'aéronautique, l'électrique et les énergies renouvelables, donner l'indépendance à sa division santé et sortir du capital de sa filiale de services pétroliers Baker Hughes.

Restructuration drastique

M. Flannery avait lancé un plan d'économie --de 2 milliards de dollars en 2018-- et de restructuration.

Outre les divisions énergie et de services pétroliers affectées par des suppressions d'emplois, GE taille tous azimuts, notamment dans ses frais généraux.

Il a renoncé récemment à son engagement de créer un millier d'emplois d'ici fin 2018 en France malgré les critiques de la classe politique française.

Cette cure d'austérité s'accompagnait d'un plan de cessions d'actifs évalués à quelque 20 milliards de dollars.

La chute de General Electric est spectaculaire.

Jusque dans les années 2000 et sous la houlette de son PDG emblématique Jack Welsh, le groupe industriel était une référence absolue en matière de performance -- chacune des divisions devait être au premier ou deuxième rang de sa spécialité dans le monde-- de gestion et de rentabilité.