La mise en vente d'une partie de Yoplait, deuxième fabricant au monde de produits laitiers frais, attise les convoitises des plus grands groupes alimentaires et financiers dont les noms vont commencer à sortir du bois vendredi avant un choix qui devrait avoir lieu fin mars.

Le fonds d'investissement PAI Partners veut céder sa participation de 50% dans la marque à la «petite fleur». La coopérative Sodiaal n'entend pas se retirer de cette société en coma avancé avant l'entrée en 2002 de PAI, qui en a assuré depuis la direction opérationnelle.

Redressé par une équipe de choc, dont la majorité est passée par Danone, Yoplait est reparti à l'assaut des marchés. Inventeur du yogourt à boire en 1974, Yoplait veut jouer dans la même cour que le numéro un mondial Danone et renforcer ses positions à l'international.

Au niveau mondial Yoplait détient 7% de parts de marché, contre 21% pour Danone.

Parmi les prétendants dont la presse s'est fait l'écho figurent le géant chinois Mengniu, le Suisse Nestlé, l'Américain General Mills, ou encore l'Anglo-Néerlandais Unilever, le Mexicain Lala, les Américains Pepsico et Kraft. Le fonds d'investissement américain Kohlberg Kravis & Roberts (KKR) serait aussi sur les rangs.

Le Français Lactalis a été le premier à dégainer. En novembre le groupe de la famille Besnier, qui vend ses produits sous les marques Président, Lactel ou Société, a fait une offre approchant les 1,4 milliard d'euros (environ 1,9 milliard de dollars).

PAI et Sodiaal ont rejeté cette proposition qui visait la totalité de Yoplait, estimant qu'elle était insuffisante. Ils ont aussi rappelé que Sodiaal voulait rester actionnaire.

Le géant Lactalis, avec ses 38 700 salariés et 8,5 milliards d'euros (11,5 milliards de dollars) de chiffre d'affaires, joue à fond «l'ancrage sur le territoire français», espérant que ses arguments seront entendus par le gouvernement, soucieux de lutter contre le manque de compétitivité de la filière laitière hexagonale.

Loin d'abandonner, Lactalis se considère toujours comme un «candidat naturel», selon une source proche du dossier.

Mais les deux actionnaires préféreraient un actionnaire étranger pour aider à l'expansion de Yoplait à l'international, dont les marchés émergents.

«Il nous faut des structures et des hommes à l'international», a déclaré le président du groupe, Lucien Fa, à l'AFP.

Il y a quelques semaines M. Fa semblait privilégier Nestlé comme le «candidat idéal». «Nestlé n'est pas le seul groupe avec ce profil (à l'international, ndlr), il y a aussi Unilever, Kraft, Pepsi Co, General Mills...», a-t-il précisé.

L'Américain General Mills qui distribue depuis près de 30 ans les produits Yoplait aux États-Unis, a aussi sa carte à jouer. Surtout depuis que Yoplait lui a annoncé son intention de résilier son contrat de distributeur qui arrive à échéance en 2012.

Parmi les principaux pays où Yoplait souhaite se développer: la Chine, l'Indonésie, l'Inde, l'Iran,...

Le Chinois consomme 2 kilos de produits laitiers par an, contre 35 kilos par an pour le Français moyen. Les Américains consomment 7 kilos de produits laitiers par an.

Le candidat «devra aussi avoir la volonté ou être déjà présent dans les produits bons pour la santé», a ajouté M. Fa.

La liste complète des prétendants et de leurs projets ne devrait être connue qu'au cours de la semaine prochaine.

«Nous aurons ensuite à faire un gros travail d'analyse de ces offres», a-t-on indiqué chez PAI Partners où l'on souligne que «le projet industriel qui sera présenté sera tout aussi important que l'aspect financier».

La liste des postulants les plus sérieux devrait être connue fin février avant une décision fin mars.