Discrètement, CAE Santé prend des forces.

Il y a un an, la filiale de CAE [[|ticker sym='T.CAE'|]] spécialisée dans la formation et la simulation médicales comptait moins d'une dizaine d'employés. Elle en compte maintenant 90. C'est encore bien peu relativement à l'ensemble de l'entreprise: CAE emploie 7000 personnes dans le monde. Et les revenus de CAE Santé sont encore minimes. Mais les ambitions sont grandes.

«Nous sommes en train de mettre sur pied une entreprise qui sera le leader mondial dans la formation des spécialistes de la santé, affirme le président de CAE Santé, Guillaume Hervé, dans une entrevue avec La Presse Affaires. Nous voulons répéter ce que nous avons été capables de créer dans le domaine de l'aviation.»

L'an dernier, au mois de juin, CAE a annoncé qu'elle investirait 174 millions de dollars pour établir sa marque dans la modélisation et la simulation dans trois nouveaux domaines: la santé, les mines et l'énergie. Investissement Québec a pour sa part promis 99,8 millions.

Au bout d'un an, des trois secteurs, c'est la santé qui se porte le mieux.

«C'est ce qui était le plus évident», commente M. Hervé.

CAE a réalisé que le milieu médical était déjà extrêmement intéressé à la modélisation et à la simulation. En fait, plusieurs articles parus dans de grandes publications ont déjà traité de l'application au monde médical des méthodes de simulation utilisées dans le monde de l'aviation. D'ailleurs, il y avait de 100 à 150 centres de simulation médicale dans le monde il y a 10 ans, il y en a maintenant plus de 1400.

La modélisation et la simulation dans le domaine de l'aviation et dans le domaine médical ont les mêmes objectifs: augmenter l'efficacité et assurer la sécurité.

«Dans les deux cas, une erreur peut avoir des effets catastrophiques: la mort, observe M. Hervé. Et quand ça va mal, ce n'est pas le moment de faire de la formation.»

Et puis, la santé est un domaine d'avenir. Dans les pays développés, le vieillissement de la population entraînera une augmentation des besoins en soins médicaux. Et dans les pays en voie de développement, les besoins seront aussi en croissance.

Pour ne pas s'éparpiller, CAE Santé a ciblé des secteurs précis, comme l'échographie et la chirurgie non invasive, par exemple la laparoscopie. Au cours des mois, elle a acquis de petites entreprises dans ces domaines.

«Le secteur est très fragmenté, indique M. Hervé. Il n'y a pas de grandes entreprises.»

CAE tient surtout à créer des solutions complètes pour le milieu médical comme elle l'a fait dans l'aviation, en offrant des équipements, des logiciels et des programmes de formation. Elle cible des entreprises qui se spécialisent dans un aspect et elle les intègre dans un tout.

«Nous allons chercher des éléments, nous ajoutons des éléments que nous avons déjà, explique le président de CAE Santé. C'est dans le fait de mettre tout ça ensemble que nous apportons une valeur ajoutée. C'est ce qui nous différencie.»

C'est ainsi que CAE Santé a fait l'acquisition d'une petite entreprise d'imagerie dans le cadre d'une stratégie pour offrir une solution complète en échographie. Du coup, CAE Santé a mis la main sur des gens expérimentés.

L'entreprise a également fait appel aux ressources internes de la société mère. Mais, au début, les employés de CAE, plongés dans le monde de l'aviation, étaient dubitatifs. «Les premiers temps, les gens ne savaient pas trop ce qu'on allait faire dans la santé, mais, depuis plusieurs mois, il y a une file d'attente, dit M. Hervé. Il y a un appui incroyable. Nous n'avons pas de mal à combler les postes.»