Une nouvelle vague de mises à pied frappe les employés de Pratt&Whitney Canada (P&WC).

Le motoriste supprimera 250 emplois d'ici la fin de l'année, dont 200 au Québec. Et en 2010, il fermera une usine à Longueuil, ce qui occasionnera la perte de 160 emplois de plus.Le syndicat a soutenu que P&WC avait tiré prétexte de la situation économique difficile pour fermer l'usine de la rue d'Auvergne et recourir à la sous-traitance.

«On s'attendait aux 200 mises à pied, dues à la situation économique, a commenté le président de la section locale 510 des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA), Camille Larochelle. On voyait ça venir, avec le travail qu'on avait dans nos usines et la situation de l'industrie aéronautique. Par contre, la claque qu'on a, c'est la fermeture de l'usine de la rue d'Auvergne.»

À l'heure actuelle, cette usine emploie 400 personnes, mais selon M. Larochelle, elle a une capacité de plus de 800 employés.

La vice-présidente aux communications de P&WC, Nancy German, a indiqué que l'usine, qui se spécialisait notamment dans la fabrication et la réparation d'accessoire pour les moteurs, était sous-utilisée.

«Elle est utilisée à 30% par de l'entreposage, a-t-elle précisé. Il n'y a pas de banc d'essai, elle n'est pas à proximité d'un aéroport. Et le bâtiment original date de 1913: il aurait requis des investissements importants.»

Elle a indiqué que la majeure partie des activités de l'usine sera transférée dans les autres usines de P&WC sur la Rive-Sud, soit l'usine principale et le centre de recherche et développement de Longueuil et le centre de révision de Saint-Hubert. Ce qui n'a pas consolé le syndicat.

«Depuis quelques années, on essayait d'attirer du travail à valeur ajouté pour cette usine, on travaillait fort au niveau de l'organisation du travail, des horaires, de la flexibilité, a affirmé M. Larochelle. Maintenant, on se sert de la situation économique pour restructurer les deux autres usines pour être capables d'englober les activités de l'usine de la rue d'Auvergne et de mettre à pied des employés supplémentaires. C'est enrageant.»

Il a soutenu que P&WC profitait de toute la situation pour sous-traiter certaines activités. Il a indiqué que le syndicat allait étudier la possibilité d'entreprendre des procédures judiciaires contre l'entreprise.

«On va regarder ces avenues-là, on ne laissera pas aller ce travail-là sans rien faire», a-t-il lancé.

Mme German a tenu à préciser que la sous-traitance des activités en question, soit la gestion de la distribution et de l'entreposage des pièces, se fera au Québec, et non pas à l'étranger.

«Ça va de l'autre côté de la rue, chez Transport Robert, à Boucherville, a-t-elle indiqué. C'est leur expertise première, alors que ça ne fait pas partie de nos activités principales.»

Mme German a également affirmé que P&WC demeurait fermement engagé envers ses activités au Québec. C'est ainsi que le motoriste maintient son projet de centre d'essai et d'usine de fabrication du moteur de la CSeries à Mirabel. «Nous avons commencé la construction, a indiqué Mme German. Lorsqu'elle sera terminé, en 2010, P&WC aura une superficie de fabrication de 1,1 million de pieds carrés, soit 10% de plus qu'actuellement.»

P&WC avait bénéficié de subventions de 141,9 millions de dollars de la part du gouvernement du Québec pour établir ce complexe.

En avril dernier, l'entreprise avait annoncé une première vague de 500 mises à pied à Longueuil. Mme German a indiqué hier que la situation économique demeurait difficile et qu'il n'y avait aucun signe de reprise en 2009 ou en 2010. C'est pour cette raison que l'entreprise doit effectuer 250 mises à pied cette année, dont 200 au Québec.

À l'heure actuelle, P&WC compte 9300 employés, dont 5100 au Québec.