Le constructeur automobile américain General Motors (GM) ne devrait pas être en mesure de tenir l'échéance du 31 mars pour boucler les négociations engagées pour abaisser ses coûts, mais le gouvernement semble prêt à lui laisser une certaine marge de manoeuvre.

«Nous ne croyons pas que GM sera capable de satisfaire à tous les objectifs d'ici à cette date», souligne mercredi Effraim Levy, analyste de l'agence de notation Standard & Poor's, en référence aux difficiles négociations que le groupe mène simultanément avec ses syndicats et ses porteurs d'obligations.Secouru par l'État fédéral qui lui a déjà prêté 13,4 milliards de dollars déjà perçus depuis décembre, General Motors a demandé 16,6 milliards d'aide supplémentaire pour survivre et doit en contrepartie présenter avant le 31 mars un plan de restructuration draconien, dit de «viabilité».

Ce plan doit permettre au groupe de réduire ses coûts, à la fois sur les plans industriels, sociaux et financiers. Il lui faut obtenir l'accord du syndicat des ouvriers UAW, qui a déjà consenti dans le passé d'importants sacrifices, et celui des détenteurs d'obligations émises par GM.

GM demande à l'UAW d'accepter que le nouveau fonds assurant la couverture santé des retraités du groupe soit financé pour partie en actions du constructeur et non en numéraire, comme initialement convenu.

«L'UAW joue au chat et à la souris, en retardant son acceptation d'actions au lieu de liquidités pour voir quel traitement sera réservé aux autres parties prenantes», remarque M. Levy.

Selon une source syndicale proche du dossier interrogée par l'AFP, les porteurs d'obligations refusent d'accepter les sacrifices demandés par GM. Le gouvernement exige qu'une portion importante des dettes du groupe - les deux-tiers - soit transformée en capital.

Un porte-parole de GM, Tom Wilkinson, a refusé de commenter l'avancée des négociations mais réaffirmé que «GM demeurait engagé à conclure sur une base rapide sa restructuration financière».

Cependant, même si la date du 31 mars reste toujours officiellement valide, les spécialistes du dossier jugent peu probable que les autorités laissent le plus gros constructeur américain déposer le bilan, au cas où il ne réussirait pas à boucler cette complexe restructuration dans les délais.

Il y a deux semaines, le conseiller spécial du président américain sur la restructuration de l'industrie automobile, Steven Rattner, avait souligné que cette date n'était pas gravée dans le marbre.

«Il est tout à fait possible (...) que l'on n'ait pas une annonce unique à un moment donné (...) mais plutôt à une série de mesures s'étalant peut-être sur une période raisonnablement longue pour résoudre ce problème», avait-il alors déclaré au quotidien local Detroit Free Press.

Le soutien fédéral de 5 milliards de dollars US accordé aux sous-traitants de l'industrie automobile est également interprété comme le signe que l'administration ne désire pas pousser GM à la faillite.

Une aide publique supplémentaire et une restructuration bien menée pourraient toutefois s'avérer insuffisantes si les ventes du groupe ne s'améliorent pas bientôt, tempère Rebecca Lindland, analyste du cabinet IHS Global Insight interrogée par l'AFP.

«Le risque d'une faillite de GM est très réel. On continue de verser des milliards sur ces entreprises (GM et Chrysler, autre constructeur de Détroit soutenu par l'État), mais tant que la consommation des Américains ne sera pas repartie, cela n'aidera guère», estime-t-elle.