General Electric (ge), fleuron de l'industrie américaine rattrapé par la crise financière, pourrait bientôt quitter le firmament des sociétés les plus précieuses de la cote, sa direction jugeant désormais possible d'être dégradé par les agences d'évaluation.

En l'espace de quatre jours le titre GE a perdu plus de 20% de sa valeur, portant à plus de 80% l'effondrement en un an. Depuis plusieurs semaines les agences d'évaluation financière Moody's et Standard and Poor's menacent de le chasser du club très fermé des titulaires de la note maximale «AAA».

La direction du groupe semble s'être résignée à cette possibilité, même si elle cherche «quotidiennement» à rassurer les analystes des agences de notation: «Il serait possible qu'on se retrouve avec une note AA», a déclaré jeudi le directeur financier Keith Sherin, interrogé sur la chaîne de télévision CNBC.

Mais, a-t-il précisé, «à (son) avis, cela ne vas pas avoir d'impact opérationnel sur» le groupe, qui n'a pas l'intention de lever de capitaux à court terme. Une note élevée permet aux entreprises d'obtenir de meilleurs termes pour leurs emprunts.

Ces assurances ont semblé calmer le marché: le titre ne perdait que 0,30% à 6,67 dollars vers 18h00 GMT;

General Electric est un fleuron du capitalisme américain. La diversification de ses activités, de la fabrication d'ampoules au crédit, en passant par la télévision et les infrastructures, en fait l'un des groupes les plus représentatifs de l'économie.

Bénéficiaire à hauteur de 18,7 milliards de dollars en 2008, longtemps première capitalisation de la Bourse de New York, il est désormais huitième.

L'annonce la semaine dernière que les actionnaires seraient rémunérés 68% de moins (avec un dividende réduit à 10 cents, au lieu de 31), ce qui permettra au groupe d'économiser 9 milliards de dollars par an, a relancé rumeurs et inquiétudes sur la santé financière du groupe: en janvier encore le PDG Jeffrey Immelt s'était réclamé d'une glorieuse tradition, avec un dividende versé régulièrement depuis cent ans, et augmenté depuis 32 ans.

La faiblesse de GE est surtout localisée sur sa branche financière GE Capital, exposée à la crise du crédit et dont le groupe essaie de réduire la voilure.

«Nous n'avons pas de bombe à retardement avec GE Capital», s'est efforcé de rassurer M. Sherin, en annonçant pour la semaine du 16 mars un point complet sur les comptes de cette activité.

M. Sherin a jugé «très exagérées» les inquiétudes entourant son groupe, alors que, a-t-il assuré, GE Capital va être bénéficiaire au premier trimestre, et que le groupe a les liquidités nécessaires pour traverser la crise sans demander d'aide gouvernementale.

Dès mercredi le groupe s'était fendu d'une lettre aux investisseurs pour assurer que, «dans l'éventualité inattendue où GE Capital aurait besoin de fonds supplémentaires, nous avons plusieurs possibilités de répondre à ce besoin sans lever de capitaux extérieurs».

Mais les investisseurs, submergés de mauvaises nouvelles sur l'état de l'économie, ne se laissent pas facilement rassurer.

«Il y a beaucoup d'inquiétude sur le risque qu'ils perdent la notre AAA, et que ça ressemble beaucoup à ce qui s'est passé avec d'autres (institutions financières) qui ont eu des ennuis», expliquait l'analyste Mace Blicksilver, chez Marblehead Asset Management, évoquant les précédents cuisants de Citibank et AIG.

Pour l'instant, les agences de notation semblent attentistes.

«Nous pensons qu'il sera difficile pour GE Capital d'atteindre l'objectif de 5 milliards de dollars de bénéfices fixé par la direction pour 2009, cependant nous pensons toujours que GE Capital fera mieux que la plupart de ses homologues», avait indiqué Standard and Poor's la semaine dernière.