La présidente de la Fed Janet Yellen s'est gardée vendredi lors du séminaire de Jackson Hole de toute déclaration sur la politique monétaire américaine, les marchés attendant toutefois encore l'intervention dans la journée de son homologue de la BCE Mario Draghi.

Mme Yellen s'est livrée à un plaidoyer en défense de la régulation financière mise en place après la crise de 2008/09 et aujourd'hui menacée par l'administration du président américain Donald Trump.

«Tout ajustement dans le cadre réglementaire devrait être modeste et préserver l'augmentation de la résilience des grandes institutions financières et des banques qui découle des réformes mises en place ces dernières années», a affirmé la présidente de la Fed dont le mandat expire en février et qui devra être ou non reconduite par Donald Trump.

Elle a concédé que certains aménagements mineurs pouvaient être effectués, mais défendu le cadre actuellement en place.

Tout en mettant en garde contre tout «optimisme excessif» des marchés, elle a estimé que «nous avons des raisons d'espérer que le système financier et l'économie affronteront moins de crises et s'en remettront plus rapidement, épargnant aux ménages et aux entreprises la souffrance qu'ils ont éprouvée lors de la crise qui a frappé il y a dix ans».

Ces réflexions n'ont pas eu d'impact sur les marchés financiers alors que certains analystes attendaient du discours un éclairage sur la politique monétaire future de la Fed.

«La présidente de la Fed n'a rien dit dans son discours sur la politique monétaire, mais cela a pesé sur le dollar en maintenant élevée l'incertitude sur le fait de savoir si la Fed va ou non encore remonter ses taux d'intérêt cette année», a souligné Joseph Manimbo, analyste chez Western Union.

Le séminaire de Jackson Hole, une station alpestre dans le Wyoming, réunit chaque année les responsables des banques centrales.

Le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi doit y intervenir vers 15h00.

La politique de la BCE suscite des interrogations au moment où la reprise économique semble se confirmer pour les pays de l'euro.

S'il n'est pas encore question de hausse de taux pour la BCE, c'est le calendrier de la réduction progressive des achats d'obligations de l'ordre de 60 milliards d'euros par mois qui suscite les interrogations des marchés.

Ces achats avaient été décidés par la Fed, puis plus tard par la BCE, dans le cadre de leurs politiques «d'assouplissement quantitatif» décidées après la crise financière et destinées à relancer les économies chancelantes.

Bilans hypertrophiés

Mais les deux banques centrales se retrouvent désormais avec des bilans hypertrophiés (4500 milliards de dollars pour la Fed, 2300 milliards d'euros pour la BCE) qu'elles envisagent maintenant de réduire.

Mécaniquement, une telle opération équivaut à un resserrement des conditions de crédit car cela réduit les liquidités disponibles sur les marchés financiers et c'est pour cela que ceux-ci attendent anxieusement tout éclairage sur le calendrier.

Dans le cas de la Fed, Janet Yellen et les différentes communications de la banque centrale laissent présager le début prochain de cette réduction peut-être dès septembre.

Dans le cas de la BCE, Mario Draghi garde ses cartes encore bien cachées, suscitant les interrogations des marchés.

C'est à Jackson Hole qu'il avait en 2014 indiqué réfléchir à suivre l'exemple de la Fed en s'engageant dans une politique d'assouplissement quantitatif et certains analystes pensent qu'il pourrait choisir le même lieu pour annoncer à nouveau suivre l'exemple des Américains.

Claus Vistesen, chef-économiste pour la zone euro chez Pantheon Macroeconomics, estime que «M. Draghi ne devrait pas donner d'indications sur l'assouplissement quantitatif cette semaine, mais pourrait essayer de faire un peu baisser l'euro» qui a fortement progressé face au dollar ces derniers mois.

Le président de la BCE garde en tête la mini-panique qu'avait provoquée en mai 2013 le prédécesseur de Mme Yellen à la Fed, Ben Bernanke, en évoquant quelque peu inopinément devant le Congrès américain la fin prochaine de la politique d'assouplissement quantitatif suivie alors par l'institution monétaire américaine.