Le premier ministre de la Saskatchewan Brad Wall a livré un vibrant plaidoyer pour le libre-échange lors d'une allocution à Washington, hier, au cours de laquelle il a toutefois critiqué le système de gestion de l'offre en agriculture au Canada en citant le bas coût du fromage aux États-Unis.

« Si vous allez voir le match [de baseball] des Nationals ce soir, il y a 30 % de chances que la moutarde vienne de Saskatchewan », a-t-il lancé, citant un des nombreux exemples de l'intégration des économies canadienne et américaine.

Le politicien le plus en vue de la droite canadienne - à tout le moins jusqu'à ce que le Parti conservateur élise un successeur à Stephen Harper - a eu des rencontres avec plusieurs hauts responsables de l'administration Trump.

Il a prononcé cette allocution à la Heritage Foundation, groupe de réflexion influent de la droite américaine. Elle était diffusée en direct sur le web hier.

Il a noté que « presque un quart de siècle a passé depuis l'entrée en vigueur de l'ALÉNA et il est raisonnable de vouloir le mettre à jour ».

Affirmant que les Canadiens devaient garder « l'esprit ouvert », il a donné son avis sur quelques enjeux possibles de la négociation, notamment les systèmes de gestion de l'offre en vigueur au Canada dans le secteur agricole et l'accès aux marchés publics.

« Peut-être qu'on devrait écouter un peu plus les Américains sur la gestion de l'offre, a-t-il dit. Et croyez-moi, je ne parle pas pour l'ensemble du pays : il y a plusieurs régions qui s'opposeraient à ce que je vais dire. Mais je passe du temps en Arizona avec ma femme et ses parents qui y ont une maison, et je me surprends souvent à regarder le prix du fromage : il est parfois le quart de ce qu'on paye à la maison. On a vu des accords de commerce récents où le Canada a accepté d'examiner ces questions. »

« RHÉTORIQUE PROTECTIONNISTE »

« Et de ce côté de la frontière, peut-être qu'il serait raisonnable de remettre en question des éléments comme Buy America dans des projets publics, ou même dans le secteur privé. On a même vu un décret présidentiel récent précisant qu'un pipeline devrait être construit avec de l'acier américain. »

Il a affirmé que de telles mesures déclencheraient nécessairement des répliques du côté canadien. « On risque l'escalade dans une relation unique au monde », a-t-il dit, en soulignant les dangers de « la rhétorique protectionniste », qui peut être politiquement payante. « Le vrai test, c'est si on peut s'en tenir à ces principes du libre-échange quand les temps sont moins favorables », dit-il.

VISITE AU MEXIQUE

Questionné sur le Mexique, troisième partenaire de l'ALÉNA, il a affirmé que les premiers ministres provinciaux avaient évoqué l'idée d'y organiser une mission conjointe.

Au cours de son séjour à Washington, M. Wall a eu des rencontres avec le secrétaire à l'Énergie, Rick Perry, le directeur de l'Agence de protection de l'environnement, Scott Pruitt, et le directeur du budget, Mick Mulvaney. Il devait aussi rencontrer le secrétaire au Commerce Wilbur Ross.

Du côté du Congrès, il a eu des rencontres avec de nombreux représentants et sénateurs, notamment Lindsay Graham et John McCain, deux des républicains les plus critiques envers le président Donald Trump.