Le groupe New York Stock Exchange (Nyse), qui exploite notamment la Bourse vedette de Wall Street, a annoncé mercredi le lancement d'une plate-forme aux échanges ralentis, moins de six mois après l'apparition aux États-Unis d'une Bourse concurrente fonctionnant sur ce principe.

Réservée aux petites et moyennes capitalisations, la future plate-forme, dénommée «Nyse American», va imposer un «ralentisseur» aux transactions, autrement dit un délai de 350 microsecondes avant que prennent effet les ordres passés par les courtiers.

Même si ce temps paraît minuscule, il suffit à empêcher le courtage à «haute fréquence», qui se base sur la vitesse foudroyante de programmes informatiques fondés sur des algorithmes complexes, et qui est accusé de mettre en péril les positions d'investisseurs traditionnels.

«Au moment où les marchés américains d'actions deviennent de plus en plus compliqués (...), nous tenons à fournir plus de choix aux entreprises cotées, aux investisseurs et aux acteurs du marché», a assuré dans un communiqué Tom Farley, président de Nyse.

La future Bourse n'a pas été créée pour l'occasion, puisqu'il s'agit d'une refonte d'une petite plate-forme centenaire, successivement connue comme American Stock Exchange (Amex, littéralement «Bourse américaine»), puis Nyse MKT après son rachat à la fin des années 2000 par le groupe.

Elle se distingue du New York Stock Exchange à proprement parler, qui est détenu parallèlement par le groupe Nyse et reste la «Bourse de New York» telle qu'on l'entend habituellement, même si sa prédominance a considérablement diminué ces dernières années par rapport à des concurrents comme le Nasdaq.

À ce titre, le groupe Nyse, lui-même filiale de l'opérateur Intercontinental Exchange (ICE), assure que son projet de Bourse ralentie sera «le premier de son type» parmi la concurrence.

Sa description ressemble néanmoins par bien des points, jusqu'au délai précis de 350 microsecondes, à une petite Bourse concurrente déjà lancée en août 2016, IEX, dans le but affiché de contrecarrer les courtiers à haute fréquence.

Cette plate-forme a été lancée par un ancien courtier de Wall Street, Brad Katsuyama, qui en avait eu l'idée après avoir été témoin des opérations de «Flash Boys», selon le surnom tiré du titre d'un livre publié en 2014 sur le sujet.

Après avoir remarqué que ses transactions ne revenaient que partiellement exécutées et à un prix parfois supérieur à celui qu'il avait accepté, M. Katsuyama avait conclu à des «interventions» de la part de systèmes agissants à la vitesse de l'éclair, quelques micro-secondes, entre le moment où les ordres étaient passés et celui où ils étaient finalisés.

Arguant que le fonctionnement d'IEX allait «promouvoir la concurrence et l'innovation», le gendarme des marchés boursiers américains, la SEC, avait donné son feu vert à la nouvelle Bourse... alors que le groupe Nyse s'y était à l'époque opposé.

Photo tirée d'une vidéo

Brad Katsuyama