La banque centrale des États-Unis (Fed), réunie mercredi à Washington, devrait opter pour le statu quo monétaire en maintenant ses taux directeurs proches de zéro dans l'attente d'un renforcement plus marqué de l'économie américaine.

Sauf coup de théâtre, son Comité de politique monétaire (FOMC) devrait décider à 18H00 GMT d'attendre encore un peu avant d'infléchir sa politique de l'argent pas cher adoptée depuis fin 2008 pour soutenir la reprise.

«(Ce) serait un peu tôt. Je pense que nous utiliserons cette réunion pour étudier les données à notre disposition», avait prévenu la semaine dernière James Bullard, membre non-votant du FOMC et président de l'antenne locale de la Fed de St Louis (Missouri, centre).

Sur la brèche depuis des mois, les marchés attendent avec fébrilité une hausse des taux américains, qui serait la première depuis 2006 et dont les répercussions aux Etats-Unis et dans le monde restent difficiles à évaluer.

Ce changement de cap pourrait ainsi entraîner un renchérissement du coût du crédit aux États-Unis, mais aussi doper la rémunération des placements dans le pays, attirant les investisseurs en masse au risque de provoquer des flux de capitaux volatils sur le globe.

Scrutée et guettée de toutes parts, la Réserve fédérale s'y prépare mais s'est toujours refusée à donner une échéance précise en s'abritant derrière son immuable mantra: sa décision sur la hausse des taux sera basée sur les données économiques et pas sur un calendrier «établi à l'avance».

Sa présidente Janet Yellen s'est simplement bornée à répéter qu'elle était favorable à une hausse d'ici à la fin de l'année même si certains analystes et institutions plaident pour plus de patience.

Indices

Selon les experts, un changement de cap semble en tout cas quasiment exclu mercredi du fait de l'incertitude entourant encore la solidité de la reprise américaine.

Les États-Unis ne sauront ainsi que jeudi si leur produit intérieur brut a repris des couleurs au deuxième trimestre. Pendant les trois premiers mois de l'année, l'activité américaine avait connu un coup d'arrêt en se contractant de 0,2% sur fond d'hiver rigoureux.

Le FOMC ne devrait donc pas prendre de décisions majeures mercredi mais pourrait toutefois distiller quelques indices dans son communiqué final, dont la publication ne sera pas suivie d'une conférence de presse.

«L'incertitude majeure autour du communiqué du FOMC réside dans le degré de clarté du message de la Fed sur le calendrier d'une première hausse des taux», assurent ainsi les experts de Nordea Bank.

Une référence marquée à l'amélioration sur le marché du travail pourrait ainsi annoncer une hausse des taux lors de la prochaine réunion du FOMC à la mi-septembre, selon les exégètes de la Fed.

Avant de relever ses taux, la Fed veut s'assurer que le plein emploi est à portée de main et être «raisonnablement confiante» dans le fait que l'inflation se rapproche de son objectif de 2% annuel.

Le taux de chômage américain a encore baissé en juin (5,3%), au plus bas depuis avril 2008, mais les prix à la consommation progressent, eux, bien moins que ne l'espère la Fed (+0,2% sur un an en mai).

La conjoncture n'est toutefois actuellement pas le seul tracas de la Fed, qui est par ailleurs empêtrée dans un micmac après la publication par erreur de projections économiques confidentielles sur son site internet.

Par souci de transparence, la banque centrale a décidé vendredi de publier en intégralité ces projections préparées par ses équipes d'experts... qui se sont toutefois révélées partiellement erronées, contraignant la Fed à rectifier le tir quelques heures plus tard.

Cet embrouillamini a en tout cas donné du grain à moudre à certains élus du Congrès américain qui s'étaient déjà émus d'une fuite d'un document confidentiel de la Fed en 2012 et veulent encadrer plus strictement la banque centrale américaine.