Sans changer le cours de sa politique monétaire accommodante, la Réserve fédérale américaine (Fed) affiche un optimisme prudent, devant la multiplication des indicateurs économiques qui témoignent de l'élan retrouvé de l'expansion, après ses toussotements hivernaux.

L'évaluation confiante du Comité de politique monétaire qui sert d'assise à sa décision unanime de poursuivre au même rythme le ralentissement de la détente monétaire en place depuis l'automne 2012 n'a pas surpris les intervenants sur les marchés. Leurs indices ont un peu bougé dans les minutes suivant la publication de son communiqué, mais ils ont tôt fait de remettre le cap franc nord.

«La croissance de l'activité économique a rebondi au cours des derniers mois. Les indicateurs du marché du travail affichent en général des améliorations continues. Le taux de chômage, bien qu'en recul, reste élevé, y lit-on. Les dépenses des ménages semblent augmenter modérément et les investissements des entreprises en immobilisations ont repris leur progression.»

En conférence de presse, la présidente de la Fed, Janet Yellen, a même renchéri: «Même si des incertitudes persistent, j'ai bon espoir de voir la croissance rester au-dessus de son potentiel durant une période prolongée.»

Les membres du Comité évaluent ce potentiel à de 2,1 à 2,3%, ce qui correspond à la fourchette de leur prévision pour 2014. En mars, sa limite inférieure était de 2,8%, mais on ne savait pas alors que l'économie allait se contracter de 1% en rythme annuel au premier trimestre.

Pour 2015 et 2016, leurs prévisions restent les mêmes: de 3,0 à 3,2% et de 2,55 à 3,0%.

Le Comité a aussi marginalement diminué sa prévision du taux de chômage et augmenté celle de l'indice des dépenses personnelles de consommation (PCEI), la mesure d'inflation privilégiée par la Fed.

Mme Yellen a cherché à minimiser l'importance de la récente poussée des prix, plus rapide que la prévision de la Fed, quelle que soit la mesure privilégiée (l'Indice des prix à la consommation - IPC - progressait à 2,1% en mai, le PCEI à 1,6%).

«Les données sont volatiles (data are noisy)», a-t-elle insisté, rappelant que, comme le précise le communiqué, l'inflation demeure en deçà de l'objectif à long terme des autorités monétaires.

En ce qui concerne la politique monétaire, la Fed réduit comme prévu de 10 milliards US à hauteur de 35 milliards US ses achats mensuels d'obligations à long terme du Trésor (20 milliards) et de titres adossés à des créances hypothécaires (15 milliards). Elle continuera de réinvestir le produit et le principal des titres arrivés à échéance dans son portefeuille. C'est la cinquième fois d'affilée qu'elle ralentit de 10 milliards le rythme mensuel de ses achats. On estime que la planche à billets sera arrêtée l'automne prochain.

Mme Yellen a cependant rappelé qu'il n'y a pas de ralentissement mécanique. Tout se fera selon la qualité des indicateurs économiques. Elle a même manifesté une certaine déception vis-à-vis de la faiblesse de la croissance du crédit hypothécaire.

Évidemment, le taux directeur continuera à fluctuer dans la fourchette de 0 à 0,25% en place depuis décembre 2008.

Selon la médiane des prévisions des membres du comité, le taux directeur serait par contre à 1,13%, à la fin de 2015. Il devrait avoir grimpé à 2,5%, à la fin de 2016, soit 25 centièmes de plus que la médiane affichée en mars.

En revanche, à long terme, les membres pensent que le taux normalisé serait de 3,75%, soit 25 centièmes de moins que ce qu'indiquait la médiane en mars.

Mme Yellen a cherché à minimiser l'importance de ces changements en notant que deux membres du Comité avaient été remplacés entre-temps.

Elle reconnaît toutefois pour la première fois qu'une croissance potentielle plus faible entraîne un taux directeur normalisé également plus faible.

Elle se faisait ainsi implicitement l'écho du gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, qui propage cette analyse depuis quelques mois déjà.