Le président de la Banque centrale américaine (Fed) Ben Bernanke a estimé mardi que la reprise économique «avait encore du chemin à faire» et qu'il faudrait «encore du temps avant que la politique monétaire retourne à un cours plus normal».

Dans un discours prononcé mardi soir devant le National Economists Club à Washington, M. Bernanke a ajouté que les taux d'intérêts, actuellement proches de zéro, le resteraient «peut-être bien après que l'emploi passe sous le seuil» des 6,5%. Le taux de chômage aux États-Unis était de 7,3% en octobre.

Le Comité de politique monétaire (FOMC) «peut se montrer patient, cherchant à être sûr que le marché du travail est suffisamment fort avant de considérer une hausse de taux d'intérêt directeur», a indiqué M. Bernanke.

«Je suis d'accord avec l'opinion exprimée par ma collègue Janet Yellen (...): le plus sûr chemin vers une approche plus normale de la politique monétaire est de faire tout ce que nous pouvons pour promouvoir une forte reprise», a ajouté M. Bernanke, évoquant l'audition devant le Congrès de celle qui va lui succéder à la tête de la Réserve fédérale fin janvier.

«Le FOMC demeure engagé à maintenir une politique hautement accommodante aussi longtemps qu'il le faudra», a-t-il répété.

Depuis plus d'un an, en plus de maintenir ses taux proches de zéro, la Fed achète pour 85 milliards de dollars en bons du Trésor et titres liés à des prêts immobiliers. Ces injections de liquidité dans le circuit financier ont pour but d'exercer une pression à la baisse sur les taux.

Dans son intervention, M. Bernanke n'a pas donné d'indication supplémentaire sur le calendrier d'une réduction de cette aide. «Nous allons continuer à examiner les données», a-t-il déclaré, expliquant que le Comité de politique monétaire (FOMC) prévoyait que «les conditions du marché de l'emploi allaient s'améliorer et l'inflation s'approcher de son objectif de 2% à moyen terme».

«Si ces prévisions sont avérées par les chiffres, le FOMC commencera probablement à modérer son rythme de rachat d'actifs», a-t-il poursuivi.

En septembre, l'inflation sous-jacente (hors pétrole et alimentation), associée aux dépenses de consommation des ménages (PCE), une mesure regardée de près par la Fed, n'était que de 1,2% sur un an.

Le patron de la Fed a toutefois noté que cette politique ultra-accommodante commençait à avoir un coût pour la Fed.

«On peut commencer à penser que l'équilibre entre l'efficacité et le coût (de ces achats) devient moins favorable au fur et à mesure que le bilan de la Fed s'alourdit», a ajouté M. Bernanke.

Avec ces achats d'actifs, la Fed a en effet accumulé quelque 3400 milliards de dollars en bons du Trésor notamment à son bilan. Celui-ci s'élevait à 800 milliards avant la crise financière survenue en 2008.

Interrogé après sa présentation sur le fait de savoir si la politique de l'argent facile de la Fed n'avait pas davantage profité à Wall Street, qui a atteint de nouveaux records, plutôt qu'aux ménages américains, M. Bernanke s'est élevé contre cette idée. «Au risque de vous choquer, je suis en désaccord avec cela ! Les effets de notre politique monétaire ont aidé les foyers américains à améliorer leur situation financière», a-t-il affirmé. «La Fed a fait une importante contribution au bien-être de la classe moyenne et des plus pauvres», a-t-il ajouté.

M. Bernanke, 59 ans , qui achève son mandat le 31 janvier, n'a pas précisé ce qu'il ferait à l'issue de sa présidence, indiquant seulement qu'il espérait «avoir plus de temps pour écrire et intervenir» sur d'«intéressantes» questions économiques.