Le géant du refinancement hypothécaire Freddie Mac a remboursé les aides publiques massives reçues pendant la crise et l'institution jumelle Fannie Mae en est proche, un signe de plus de la santé retrouvée de l'immobilier américain.

Les deux sociétés avaient été emportées par la crise des crédits hypothécaires à risque («subprime») et placées en septembre 2008 sous la tutelle de l'État américain qui avait dû les renflouer abondamment.

Freddie Mac a indiqué jeudi qu'il allait verser un dividende record de 30,4 milliards de dollars au Trésor en décembre. «Cela porte le total des dividendes versés au Trésor à 71,3 milliards de dollars» depuis qu'il est sous tutelle, précise-t-il dans un communiqué de résultats trimestriels.

C'est l'équivalent du montant d'aides publiques reçues par l'organisme sur la même période.

L'accord avec l'État ne prévoit pas de sortie de tutelle, et Freddie devrait donc continuer à verser des dividendes au Trésor.

Selon les termes de l'accord avec l'État fédéral, les bénéfices jusqu'à 3 milliards de dollars par trimestre sont attribués à la consolidation des capitaux, mais sont, au-delà, «versés aux contribuables» sous forme de dividendes, a expliqué à l'AFP une porte-parole de «Freddie».

L'institution jumelle Fannie Mae va de son côté verser en décembre un dividende de 8,6 milliards de dollars au Trésor, portant à 114 milliards de dollars le montant payé à l'État depuis sa mise sous tutelle, a-t-elle annoncé séparément jeudi.

Fannie Mae avait reçu entre septembre 2008 et le premier trimestre 2012 des injections massives d'aides publiques ayant totalisé environ 117 milliards de dollars. Il ne lui reste donc «que» 3 milliards de dollars à verser pour les avoir totalement remboursées.

Elle devrait être en mesure de le faire rapidement alors qu'elle pense «rester rentable pour l'avenir proche» et à ce que ses résultats «restent solides», même s'ils sont susceptibles de «varier beaucoup d'un trimestre à l'autre».

Sur un an, la société a presque quadruplé son bénéfice net à 8,7 milliards de dollars entre juillet et septembre, son «septième trimestre bénéficiaire d'affilée», souligne-t-elle dans son communiqué.

Elle attribue cette bonne performance à «la hausse des prix du logement qui a entraîné une réduction des réserves pour pertes de l'entreprise».

Au troisième trimestre, Freddie Mac a pour sa part vu son bénéfice net quasi décuplé en un an pour atteindre 30,5 milliards de dollars, dopé par un crédit d'impôts de 24 milliards de dollars.

Il a attribué la progression de ses résultats, hors crédit d'impôts à «des gains sur les titres dans le portefeuille d'investissement lié aux prêts hypothécaires de l'entreprise», et gains liés aux prêts qu'il a émis lui-même, et aux revenus tirés de règlements amiables.

Un puits sans fonds devenu source de profits

La banque américaine Citigroup avait notamment accepté en septembre de lui payer 395 millions de dollars pour solder des contentieux liés à des reventes de prêts hypothécaires, et Wells Fargo a indiqué début octobre qu'elle allait lui payer 869 millions de dollars pour des contentieux similaires.

JPMorgan Chase, la première banque américaine en termes d'actifs, a quant à elle accepté un règlement amiable record de 5,1 milliards de dollars avec à la fois Fannie Mae et Freddie Mac.

Alors que pendant longtemps, l'investissement de l'État américain dans ces deux sociétés jumelles ressemblait à un puits sans fonds, le gouvernement, qui doit encore se prononcer sur l'avenir de ces institutions, pourrait au final en tirer profit.

Le remboursement des aides au gouvernement signifie que «le marché immobilier s'est assaini, les prix ont augmenté, les ventes de logements ont augmenté», remarque Joel Naroff, économiste indépendant.

«La réalité, c'est que l'immobilier ne s'est redressé que grâce à l'existence de Fannie et Freddie», poursuit M. Naroff.

Pour lui, «il est temps que le secteur privé intervienne aussi sur ce marché. Des instances gouvernementales ne peuvent à elles seules faire toute la titrisation du marché immobilier», a-t-il insisté.