Le président des États-Unis Barack Obama doit nommer mercredi Janet Yellen pour diriger la Réserve fédérale, un choix qui assure la continuité de la politique de l'argent facile tout en innovant parce que c'est une femme pour la première fois.

M. Obama doit annoncer la nomination de Mme Yellen, 67 ans, à la Maison-Blanche à 15h00 lors d'un événement auquel participera l'actuel président de la Banque centrale (Fed), Ben Bernanke.

Janet Yellen, vice-présidente à la Fed depuis 2010, était la favorite de la course après le renoncement de Larry Summers, ancien principal conseiller économique de la Maison-Blanche, qui semblait pourtant avoir les faveurs du président Obama.

Sous la vigueur des critiques et de l'opposition d'élus démocrates, M. Summers avait jeté l'éponge le 15 septembre, craignant un processus de confirmation au Congrès trop «acrimonieux». La confirmation de Janet Yellen, par la Commission bancaire du Sénat puis par l'ensemble du Sénat, s'annonce bien plus aisée.

Le président de la commission bancaire, le démocrate Tim Johnson, s'est félicité dès mardi soir de la décision de la Maison-Blanche, citant l'«expérience incomparable» de Mme Yellen. La sénatrice démocrate Elizabeth Warren s'est dite mercredi «enchantée par cette nomination historique».

Un tiers des Sénateurs démocrates avaient signé une lettre au président Obama pour soutenir Mme Yellen.

Mme Yellen sera la première démocrate à la tête de la Banque centrale depuis le départ de Paul Volcker en 1987 et première femme à diriger cette institution aujourd'hui centenaire. Elle est vue comme une «colombe», davantage préoccupée par la question du chômage que par l'inflation. Elle a toujours soutenu la trajectoire monétaire ultra-accommodante de Ben Bernanke et représente la continuité de cette politique.

«La désignation de Janet Yellen (...) sera bien accueillie par les marchés. Cela suppose la continuation de la politique de Bernanke», selon David Kotok, président du conseil en investissements Cumberland Advisors.

«La position de Janet Yellen a toujours été du côté des colombes ces dernières années parce qu'elle se focalise sur la faiblesse persistante du marché de l'emploi», a noté Stephen Oliner Yellen de l'American Enterprise Institute.

«Ses prévisions finalement ont été beaucoup plus exactes que celles des faucons» du Comité de politique monétaire (FOMC) «qui voient de l'inflation à tous les coins de rue», a ajouté cet expert.

Le taux de chômage recule lentement pour se situer à 7,3%, un chiffre haut pour les États-Unis, contre 8,1% il y a un an et l'inflation, mesurée par l'indice des prix associé aux dépenses de consommation (PCE) n'est qu'à 1,2% sur un an.

La désignation de Mme Yellen a été bien accueillie par les marchés, pourtant préoccupés par le bras de fer au Congrès sur le budget et la dette. Les acteurs financiers «s'attendent à ce qu'elle conserve l'approche particulièrement accommodante des mesures actuelles de soutien à l'économie et qu'elle réduise le programme de rachat d'actifs à un rythme modéré», selon les analystes de Wells Fargo.

Pour stimuler la croissance, la Fed injecte chaque mois quelque 85 milliards de dollars dans les circuits financiers via notamment l'achat de bons du Trésor et les investisseurs espèrent que cette aide, dont ils ont largement profité depuis le début de l'année, va se prolonger.

Toutefois, même en ayant le soutien des sénateurs démocrates, le processus de confirmation de Mme Yellen «ne sera pas nécessairement rapide ni sans heurt», a remarqué Sébastien Galy, de la Société générale. «Qu'on la dépeigne comme une ultra-colombe ne va pas plaire au Tea Party», la frange droite du parti républicain.

Le sénateur républicain Mike Crapo, de la commission bancaire, a d'ailleurs souligné qu'il restait «en désaccord avec l'assouplissement monétaire de la Fed» et qu'il «examinerait avec précaution» la nomination de Mme Yellen.

Son collègue Bob Corker a rappelé qu'il avait voté contre elle lors de sa nomination à la vice-présidence de la Fed. «Et je ne vois pas qu'elle a changé», a-t-il ajouté.