La Banque centrale américaine achève mercredi une réunion de politique monétaire et les marchés s'attendent à ce qu'elle réduise son soutien financier à l'économie pour la première fois depuis la crise financière de 2008.

Le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) annonce à 14h00 sa décision, ainsi que de nouvelles projections économiques, suivies par une conférence de presse du président Ben Bernanke.

«Nous pensons que le FOMC va entamer une réduction modeste de son assouplissement monétaire», indique l'économiste de Deutsche Bank Joseph LaVorgna.

Lors de sa dernière réunion fin juillet, la Réserve Fédérale avait décidé de poursuivre, comme elle le fait depuis le début de l'année, ses injections de liquidités dans le circuit financier à hauteur de 85 milliards de dollars par mois «afin de soutenir une reprise économique plus forte».

Ses achats de titres sur les marchés sont actuellement répartis pour 45 milliards de dollars par mois en bons du Trésor et pour 40 milliards en titres adossés à des prêts immobiliers.

Depuis cette dernière réunion, le taux de chômage est passé de 7,6% à 7,3%. Ben Bernanke a indiqué qu'il souhaitait diminuer progressivement ce concours monétaire exceptionnel puis le cesser totalement dès que le taux de chômage descendrait à 7%, soit d'ici le milieu de 2014.

Le dernier indice des prix à la consommation (CPI) se situe à 1,5% sur un an, en dessous de l'objectif idéal de la Fed qui est de 2%.

Toutefois, si l'on exclut les secteurs volatils de l'énergie et l'alimentation, l'inflation sous-jacente, un indice très observé par la Fed, est à 1,8%, plus proche de l'objectif de la banque centrale.

Cela fait dire à Jim O'Sullivan, chef économiste pour HFE, «que la stabilisation des prix sous-jacents est probablement suffisante pour que les dirigeants de la Fed initient leur processus de réduction de leur soutien monétaire». Cet économiste table sur une légère accélération de la hausse de prix pour justifier l'arrêt complet des injections de liquidités de la Fed au cours des prochains trimestres.

La croissance du Produit intérieur brut (PIB) américain s'est accélérée au deuxième trimestre pour s'établir à 2,5% en rythme annualisé, contre 1,1% au premier trimestre.

Une majorité d'analystes estiment que la Fed va donc décider mercredi d'amorcer le retrait de son concours en réduisant de 10 à 15 milliards de dollars ses achats d'actifs.

Pour Michael Gregory, économiste chez BMO, «le ton mitigé des données économiques, le débat sur le plafond de la dette (...) et la volatilité des marchés émergents plaident pour une "mini-réduction"» du soutien de la Fed à l'économie.

La Réserve fédérale publiera aussi une révision de ses projections économiques et une première prévision pour 2016, des chiffres qui, pour les acteurs financiers, seront autant d'indications de l'orientation future de la politique monétaire à l'heure où la Fed doit changer de dirigeant.

Théoriquement Ben Bernanke doit encore présider deux réunions du Comité de politique monétaire de la Fed, en octobre et décembre, avant de passer la main à son successeur.

Après l'abandon surprise dimanche du candidat préféré de la Maison-Blanche, l'ancien principal conseiller économique du président Obama, Larry Summers, c'est Janet Yellen, actuelle vice-présidente de la Fed, qui tient la corde. Elle est considérée comme une «colombe» par les observateurs de la Fed, c'est à dire qu'elle est moins préoccupée par l'inflation que par le chômage.

La Fed maintient son taux directeur, outil traditionnel de sa politique monétaire, proche de zéro depuis fin 2008 et ne devrait pas le modifier avant que le chômage ne tombe sous les 6,5%.

«Réduire les achats d'actifs, ce n'est pas relever les taux mais c'est un début de normalisation de l'économie américaine», notait Jim O'Sullivan, chef économiste chez HFE.