Portée par le commerce extérieur, la croissance économique des États-Unis a été nettement revue en hausse jeudi pour le deuxième trimestre, confortant les partisans d'un allégement imminent des mesures de soutien de la Banque centrale (Fed).

Le produit intérieur brut (PIB) américain a progressé de 2,5% en rythme annualisé, témoignant à la fois d'une solide progression par rapport à la première estimation officielle (1,7%) et aux trois premiers mois de l'année marqués par une croissance morose (+1,1%), selon les données publiées par le département du Commerce.

Entre avril et juin, la première économie mondiale a donc su résister aux coupes budgétaires massives entrées en vigueur en mars en s'appuyant sur le «rebond des exportations et des investissements non résidentiels et une baisse moins marquée des dépenses de l'Etat fédéral», a affirmé le ministère.

Soutenues notamment par le boom énergétique lié au gaz de schiste aux États-Unis, les exportations ont bondi de 8,6% au deuxième trimestre, leur plus forte progression depuis plus de trois ans, alors qu'elles s'étaient repliées de 1,3% pendant les trois premiers mois de l'année.

Les importations, qui pèsent à la baisse sur le PIB, ont elles aussi grimpé mais à un rythme légèrement moins marqué (+7,0%).

«Cela montre combien le fait de vendre ses produits au reste du monde plutôt que de les acheter peut vraiment aider l'économie», a souligné l'économiste indépendant Joel Naroff.

Dans le même temps, les dépenses de l'Etat fédéral ont certes continué à flancher (-1,6%) et à grever la croissance mais à un rythme bien moins prononcé qu'au cours des trois mois précédents (-8,4%).

Consommation «pas fabuleuse»

Tous les feux ne sont toutefois pas au vert.

Principal moteur de la croissance aux États-Unis, la consommation des ménages a continué à progresser (+1,8%) mais a néanmoins perdu de sa vigueur par rapport aux trois premiers mois de l'année (2,3%).

Leur revenu disponible est pourtant nettement reparti à la hausse après avoir été ponctionné par les hausses d'impôts du début de l'année.

«Les principaux chiffres mis à part, la demande sous-jacente n'est pas ce qu'on peut qualifier de fabuleuse. C'est correct, mais pas fabuleux», souligne Jennifer Lee de BMO Capital Markets.

La bonne tenue du commerce extérieur pourrait par ailleurs n'être qu'éphémère. «La balance commerciale va sans doute peser de nouveau négativement sur la croissance (...) parce que le dollar s'est renforcé, spécialement vis-à-vis des monnaies des pays émergents», prévient Chris Low, de FTN Financial.

Affaiblies par un sérieux coup de frein à la croissance et une fuite des capitaux, les devises brésilienne, indienne ou turque ont récemment flanché face au billet vert, la roupie tombant même mercredi à son plus bas niveau historique.

Plusieurs batailles budgétaires s'annoncent par ailleurs aux États-Unis, au risque d'assombrir le climat économique. Le plafond de la dette publique doit ainsi être relevé par le Congrès d'ici à la mi-octobre afin d'éviter un défaut de paiement du pays.

Une intervention militaire en Syrie, évoquée ces derniers jours, pourrait également continuer à doper les prix du pétrole, dont les États-Unis sont les premiers consommateurs au monde.

«Les menaces sur les perspectives économiques sont facilement identifiables», convient Jim Dorsey de IHS Global Insight. Mais, ajoute-t-il, «l'économie américaine est davantage qu'il y a un an en position de résister à ces menaces».

Les regards vont désormais se tourner vers la Fed qui scrute l'évolution de la conjoncture pour décider à quel moment elle ralentira le soutien massif qu'elle apporte à l'économie.

Même s'ils révèlent des faiblesses, les nouveaux chiffres de la croissance pourraient bien l'inciter à modifier son cap rapidement, peut-être au cours de sa prochaine réunion les 17 et 18 septembre.

«L'hypothèse d'un ralentissement dès septembre s'est renforcée», résume M. Naroff.

Les membres du comité de politique monétaire de la Fed «ont tendance à se focaliser sur les principaux chiffres quand ils prennent des décisions et à ne pas s'attarder sur les détails», abonde Chris Low.