Le président américain Barack Obama a soumis mercredi un budget de 3800 milliards de dollars US au Congrès des États-Unis.

Barack Obama a proposé mercredi un budget 2014 visant une réduction des déficits en s'attaquant à la fois aux prestations sociales et aux niches fiscales, au risque d'un nouvel affrontement avec les républicains du Congrès mais aussi d'une révolte de ses alliés démocrates.

Présentant ce document comme «un plan responsable pour la classe moyenne et l'emploi», et disant sa volonté d'un «compromis» avec ses adversaires, M. Obama a affirmé que «nous pouvons faire croître notre économie et réduire notre déficit» en même temps, lors d'une allocution à la Maison Blanche.

Exercice obligé mais largement théorique puisque la Chambre des représentants aux mains de ses adversaires républicains détient le droit de vie et de mort sur toute loi engageant des dépenses, le budget présidentiel prévoit de réduire le déficit de 1800 milliards de dollars supplémentaires sur dix ans: deux tiers viendraient de coupes et un tiers de nouvelles recettes.

M. Obama a assuré que ce montant, ajouté aux réductions du déficit déjà trouvées avec ses adversaires, permettrait de «dépasser l'objectif de 4000 milliards (...) nécessaire selon des économistes indépendants pour stabiliser nos finances, mais de façon équilibrée et responsable».

Il a souligné que ce budget, qui appelle aussi à investir dans les infrastructures et l'enseignement, remplacerait les coupes budgétaires automatiques et généralisées entrées en vigueur début mars, faute d'accord au Congrès entre les deux partis.

Couvrant la période courant du 1er octobre 2013 au 30 septembre 2014, le budget présidentiel de 3770 milliards de dollars est construit sur l'hypothèse d'un déficit de 744 milliards, soit 4,4% contre 5,5% estimés cette année. Il projette aussi une croissance annuelle révisée à la baisse avec 3,2% et un taux de chômage tombant à 7,2%.

Concessions sur les programmes sociaux

Pour tenter d'amadouer les républicains, hostiles à toute hausse d'impôts, M. Obama leur offre des concessions, en particulier dans le domaine des programmes sociaux chers à son parti démocrate.

«Je ne pense pas que toutes ces idées soient idéales, mais je suis prêt à les accepter dans le cadre d'un compromis, et seulement si elles contiennent des protections pour les Américains les plus vulnérables», a-t-il assuré.

Toutefois, à vouloir satisfaire tant les conservateurs que les progressistes, M. Obama s'est déjà attiré les foudres des deux camps.

Le président républicain de la Chambre John Boehner, qui a négocié depuis 2011 avec M. Obama sur les questions budgétaires avec des résultats très limités, a concédé mercredi que le président «mérite d'être reconnu pour certaines réformes progressives des programmes sociaux» évoquées dans son budget.

Mais il a mis en garde contre l'idée de «prendre ces modestes réformes en otage au nom de ses demandes d'augmentations d'impôts», un chiffon rouge pour les républicains qui sont déjà amers d'avoir dû consentir en janvier à un alourdissement de la fiscalité des plus aisés.

Le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a quant à lui estimé que le plan de M. Obama n'était «pas sérieux (...) en grande partie ce n'est qu'une liste de courses de gauche».

De son côté, l'aile gauche du parti démocrate proteste contre l'idée, entérinée par M. Obama, de retenir un calcul moins avantageux pour ajuster les prestations sociales à l'inflation. Le sénateur du Vermont Bernie Sanders a ainsi affirmé qu'il ferait tout pour bloquer le projet de M. Obama.

La publication de ce budget intervient deux mois après la date normalement requise par la loi, un retard justifié par la Maison-Blanche par les affrontements entre républicains et démocrates du Congrès sur les questions budgétaires depuis la réélection du président fin 2012.