Même si elle était prévisible et attendue, la conclusion - in extremis et sur fond de catastrophe appréhendée - d'une entente budgétaire aux États-Unis a été accueillie avec faste et abondance par les marchés boursiers du monde entier. Il aurait difficilement pu en être autrement.

Depuis des semaines, ces mêmes marchés boursiers n'ont cessé d'évoluer en fragile équilibre au-dessus d'un gigantesque gouffre où risquait de les faire sombrer le précipice fiscal américain.

On le sait, si aucune entente n'était intervenue entre le Congrès et le Sénat américain en vue de réduire le colossal déficit budgétaire du gouvernement central, un train de nouvelles hausses d'impôt touchant tous les salariés et de baisses radicales de dépenses aurait été mis en branle dès le premier jour de la nouvelle année.

Même si l'entente de la dernière heure qui a été signée mardi soir est imparfaite et incomplète, elle a au moins permis de franchir ce fatidique précipice fiscal, grâce à un accord sur une hausse d'impôt qui se limitera aux mieux nantis, les ménages qui gagnent plus de 450 000$ par année.

Il ne reste plus maintenant qu'à traverser le mur budgétaire et de s'entendre sur un plan ordonné de réduction des dépenses, ce qui devra être fait d'ici deux mois.

Même si la grande majorité des analystes ont démonté depuis mardi soir peu d'enthousiasme à l'endroit de l'accord fiscal, lui reprochant d'être justement trop partiel, les marchés boursiers, eux, l'ont joyeusement célébré. La célébration du Nouvel An a débuté avec des marchés en hausse en Asie puis elle s'est poursuivie en Europe, où les principaux indices ont réalisé des valorisations allant de 2,2% à Francfort jusqu'à 3,8% à Milan.

Aux États-Unis, l'euphorie n'a jamais laissé place au doute et le Dow Jones s'est payé une journée de plus de 300 points de gains, ou 2,35% d'appréciation, le S&P 500 s'est bonifié pour sa part de 2,54% et le Nasdaq a coiffé ses semblables avec une avancée de 3%.

L'enthousiasme l'emporte

Personnellement, je partage davantage l'enthousiasme des marchés face à l'entente fiscale qui a été signée mardi soir que le scepticisme des analystes qui affirment que rien n'est gagné et que l'impasse sera totale le 1er mars prochain.

On s'entend tous pour dire que l'accord qui vient d'être conclu n'est qu'une première étape en vue d'un règlement définitif sur la réduction du déficit budgétaire américain et d'un nouveau plafonnement de la dette.

L'idéologie et la partisanerie vont continuer d'être au coeur des discussions en vue de la mise en place d'un plan de réduction de dépenses qui satisfasse démocrates et républicains, mais à la fin de la course il faudra arriver à une entente, comme on vient de le faire sur la fiscalité.

La gauche démocrate est furieuse parce que le président Obama n'a pas respecté son engagement de faire payer davantage d'impôt aux contribuables qui gagnent plus de 250 000$ par année.

Par ailleurs, la droite républicaine l'est autant parce que ses représentants n'ont pas tenu leur promesse de ne surtaxer les contribuables qu'à partir d'un revenu annuel supérieur à 1 million.

Ce n'est pas le premier échéancier serré que viennent de vivre les États-Unis. On n'a qu'à se rappeler du pénible psychodrame qui s'est joué durant tout l'été 2011 lorsque le président Obama a dû se battre sans relâche avec le Congrès républicain en vue de permettre le déplafonnement de la dette du pays qui s'élevait alors à 14 500 milliards de dollars.

On était en pleine année préélectorale, l'idéologie et la partisanerie étaient beaucoup plus exacerbées qu'elles ne peuvent l'être aujourd'hui.

Les élus américains savent qu'à défaut d'une entente, ils vont plonger le pays en récession et aucun d'entre eux ne souhaite en porter l'odieux.

Les États-Unis viennent de franchir le précipice fiscal. Il leur reste maintenant à trouver la porte qui leur permettra de traverser le mur budgétaire qui subsiste.